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Les forces armées françaises (terre, air, mer, directions et services) constituent un effectif d’environ 200 000 militaires âgés en moyenne de 33 ans (1), auxquels viennent s’ajouter environ 100 000 militaires de la Gendarmerie nationale.

Plus de 30 000 militaires sont engagés quotidiennement dans le cadre du déploiement opérationnel des forces armées françaises sur le territoire national (dans le cadre de l’opération SENTINELLE) ou à l’étranger (dans le cadre des opérations extérieures (OPEX) ou des forces de présence principalement au Sahel, au Proche-Orient et en Afrique).

En raison de leur mode de vie en collectivité et de ces impératifs opérationnels, les militaires sont exposés à des risques infectieux spécifiques. Le Service de santé des armées (SSA) a pour mission de protéger les militaires contre ces risques et de maintenir la capacité opérationnelle des armées. La vaccination est un moyen essentiel pour atteindre ce double objectif, car elle permet à la fois de protéger l’individu mais aussi, par la mise en place d’une immunité de groupe, la collectivité militaire. D’une manière plus globale, les armées contribuent ainsi à améliorer la santé de l’ensemble de la population.

La prise en compte du contexte militaire et de la politique vaccinale définie par le ministère de la santé a permis d’établir un calendrier vaccinal réglementaire pour les militaires, mis en œuvre à l’incorporation et durant toute leur période de service actif.

Principes généraux

Le rôle du Service de santé des armées (SSA)

Le SSA est un service interarmées fort de 16 000 personnes, dont 1 800 médecins environ. Ces médecins exercent soit dans le cadre de la « médecine des forces » en centre médical des armées (CMA), soit en milieu hospitalier au sein des hôpitaux d’instruction des armées (HIA).

La mission du SSA est de garantir aux forces armées de disposer du personnel apte à remplir ses missions, et d’apporter à tout militaire, exposé à un risque lié à son engagement opérationnel et à sa préparation, un soutien santé lui garantissant la prévention la plus efficace. Il s’agit également de garantir la meilleure qualité de prise en charge en cas de blessure ou de maladie, afin de préserver ses chances de survie et, le cas échéant, de moindres séquelles tant physiques que psychologiques.

Dans le domaine de la vaccination, le SSA est chargé d’élaborer le calendrier vaccinal dans les armées et de réaliser techniquement les actes de vaccination et leur suivi. Il est le conseiller du commandement pour tous les aspects techniques liés aux vaccinations et l’éclaire sur les conséquences médicales d’une absence de ces vaccinations. Une contre-indication vaccinale peut en effet entraîner, pour les militaires, l’inaptitude à l’engagement et des restrictions d’aptitude à l’emploi.

Le rôle du commandement

Le commandement, chargé à tous les échelons de l’application des lois et de l’exécution des règlements militaires, est responsable de l'application des vaccinations prévues par le calendrier vaccinal dans les armées aux personnes placées sous ses ordres. Son rôle est de permettre la bonne mise en œuvre des stratégies de prévention définies par le SSA, et de relayer l’intérêt à respecter les consignes données.

Calendrier vaccinal dans les armées

Les militaires sont soumis aux obligations vaccinales légales, auxquelles s’ajoutent des vaccinations réglementaires et circonstancielles contre certains risques spécifiques (infections tropicales ou à transmission féco-orale, rage, etc.) en prévision d’un départ éventuel en zone d’endémie.

Ce calendrier vaccinal, révisé chaque année, est diffusé par la direction centrale du Service de santé des armées (DCSSA) auprès des professionnels de santé du SSA. Son objectif est de définir les protocoles les plus efficaces pour immuniser les militaires contre les maladies de manière efficace et sûre dans les meilleurs délais, afin de contribuer au maintien de la capacité opérationnelle des forces.

Son élaboration par les membres du comité technique des vaccinations (CTV) dans les armées s'appuie sur les recommandations du calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales diffusées par le ministère de la Santé en tenant compte des spécificités du milieu militaire. Sa mise à jour repose sur :

  • l’évaluation des risques épidémiologiques auxquels sont exposées les forces armées et formations rattachées de par leurs missions ;
  • l’évolution des impératifs opérationnels des forces armées ;
  • le profil professionnel du personnel militaire (personnel susceptible d’être projeté en opérations extérieures rapidement après l’incorporation, professionnel de santé, jeune volontaire du service militaire volontaire ou du service militaire adapté, personnel réserviste, etc.) : il n’existe donc pas un mais plusieurs calendriers vaccinaux dans les armées adaptés au profil professionnel du militaire (voir annexes 1 à 6) ;
  • la prise en compte des recommandations nationales et internationales en matière de vaccination ;
  • l’évolution de l’épidémiologie des maladies dans le monde ;
  • l’actualisation des connaissances sur l’efficacité et la sécurité des vaccins ;
  • la prise en compte de données médico-économiques ;
  • la mise sur le marché de nouveaux vaccins ;
  • l’existence de pénuries ou de difficultés d’approvisionnement en vaccins.

Le calendrier vaccinal fixe les vaccinations applicables aux militaires et définit :

  • l’ordre et le rythme des vaccinations selon les impératifs de service et la disponibilité opérationnelle propres au milieu militaire ;
  • le nombre de vaccinations nécessaires à une bonne immunisation ;
  • la nécessité d’administrer des doses de rappel ;
  • le respect des intervalles entre les doses à administrer.

Modalités de vaccination

Dans les armées, les vaccinations sont pratiquées sur des personnes qui ont été, en principe, vaccinées au cours de leur enfance ou de leur adolescence. Pour les nouveaux incorporés, le programme de vaccination est réalisé en fonction des antécédents vaccinaux des militaires. Les vaccinations doivent être initiées dès l’incorporation et mises à jour selon les directives du SSA, notamment à l’occasion de la visite médicale périodique (VMP), qui a lieu tous les deux ans, ou des visites avant départ en mission. À ces vaccinations peuvent également s'ajouter des vaccinations supplémentaires pour certaines catégories de personnel (par exemple la vaccination contre la rage, la leptospirose ou la varicelle) ou dans certaines circonstances épidémiologiques (par exemple la vaccination contre l’encéphalite à tiques, l’encéphalite japonaise ou les infections invasives à méningocoque B en cas de survenue de cas groupés).

Pour le personnel en activité, les compléments et rappels de vaccination sont à effectuer préférentiellement lors des VMP, en vue du maintien de l’aptitude aux opérations extérieures et aux séjours outre-mer.

Tout geste vaccinal doit être précédé d’une information claire et appropriée de la personne à vacciner sur la nature des vaccins à administrer, les événements indésirables pouvant survenir et la conduite à tenir en cas de survenue d’un événement indésirable post-vaccinal. Les vaccinations sont d’autant mieux acceptées que les intéressés auront été informés de leur utilité, de leur innocuité habituelle et des précautions à prendre dans certains cas.

La personne doit également être informée des conséquences d’un éventuel refus de vaccination (par exemple le non-renouvellement d’un contrat ou une inaptitude aux opérations extérieures).

Spécificités de la vaccination des militaires

Le SSA doit maitriser les risques infectieux auxquels les militaires sont exposés par une politique sanitaire de prévention à la fois individuelle et collective. L’obtention et le maintien d’une bonne couverture vaccinale sont des éléments clefs pour le contrôle et l’élimination des maladies infectieuses à prévention vaccinale dans les armées, mais aussi pour le maintien de la capacité opérationnelle des forces armées.

Depuis quelques années, la France, comme d’autres pays, est confrontée à des épisodes de rupture de stock sur certains vaccins ou à des tensions d’approvisionnement. Dans cette situation, les stratégies vaccinales initiales sont revues par le ministère chargé de la santé. Les besoins spécifiques du SSA, acteur de santé publique, sont pris en compte. Les militaires ont ainsi été intégrés début 2017, du fait de leurs particularités professionnelles, aux populations prioritaires à vacciner dans le contexte des tensions d’approvisionnement en vaccins contre l’hépatite B (2).

Par ailleurs, les événements indésirables post-vaccinaux sont l’objet d’une surveillance épidémiologique dans les armées par le Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA). Les armées et gendarmerie, qui incorporent environ 30 000 militaires par an, représentent un important observatoire de vaccino-vigilance en France (3).

Le SSA mène un travail de communication auprès du grand public et des professionnels de santé visant à expliquer les spécificités de la vaccination dans les armées. Prenons l’exemple de la vaccination contre la grippe saisonnière dans les armées : cette vaccination est réalisée sur la forme d’un schéma triennal (vaccination tous les trois ans non limitée à la période à risque, octobre à avril dans l’hémisphère nord). Son objectif n’est pas de prévenir les formes graves de la maladie mais d’éviter la survenue d’épidémies en milieu militaire et donc de maintenir la capacité́ opérationnelle des forces armées. 

Vaccination contre la COVID-19

Outre les obligations définies par la loi du 5 août 2021, la vaccination des militaires contre la COVID-19 a fait l'objet d'une instruction ministérielle le 29 juillet 2021 publiée au Bulletin officiel des armées. Elle  est obligatoire pour tout militaire :

  • à l'incorporation
  • en formation et en stage,
  • servant ou projeté hors du territoire métropolitain,
  • embarqué sur un bâtiment de la marine nationale,
  • participant aux missions de sauvegarde  maritime, de sureté aérienne et à des missions de service public,
  • servant à partir du 15 septembre sur le territoire métropolitain dans un engagement opérationnel décidé par l'état major des armées ou la gendarmerie nationale
  • faisant l'objet d'une demande d'aptitude au service à la mer ou aux OPEX.

Schéma vaccinal des militaires

Schéma vaccinal détaillé par situation 

Pour télécharger les 6 calendriers vaccinaux suivant, cliquer ici

Les obligations de vaccination contre la COVID-19 y sont reprises.

  • Calendrier vaccinal à l'incorporation pour le personnel susceptible d'être projeté OM-OPEX ou affectation embarquée (entre 1 et 5 mois de service).
  • Calendrier vaccinal à l'incorporation pour le personnel susceptible d'être projeté OM-OPEX ou affectation embarquée (après le 6mois de service).
  • Calendrier vaccinal à l'incorporation des professionnels de santé du service de santé des armées d'active et de réserve.
  • Calendrier vaccinal à l'incorporation : réserve opérationnelle.
  • Calendrier vaccinal à l'incorporation : volontaires stagiaires du Service militaire volontaire (SMV).
  • Calendrier vaccinal à l'incorporation : volontaires stagiaires du Service militaire adapté (SMA).

 

Bibliographie

  1. Bilan social du ministère des Armées 2015.
  2. Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Avis du 14 février 2017 relatif aux tensions d’approvisionnement de vaccins contre l’hépatite A et l’hépatite B. En ligne : http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=594
  3. Mayet A., Duron S., Meynard J.-B., Koeck J.-L., Deparis X.,Migliani R. Surveillance of adverse events following vaccination in the French armed forces, 2011-2012. Public Health. 2015, 129 (6) : 763-768.