La réponse vaccinale est basée sur l’immunogénicité, évaluée au travers de l’activité bactéricide des anticorps sériques dirigés contre les différents sérogroupes.
Vaccins méningococciques polyosidiques conjugués monovalents C Menjugate®, NeisVac®)
L’efficacité du vaccin méningococcique C conjugué a été initialement mesurée au Royaume-Uni, après son introduction dans le programme de vaccination des nourrissons (à 2, 3 et 4 mois) associée à une campagne de vaccination de rattrapage des moins de 18 ans. Elle a été estimée, dans l’année qui a suivi la vaccination, à 93% [IC95% ; 67-99%] chez les nourrissons vaccinés en routine, et elle était également élevée dans les autres classes d’âge. Les études d’impact réalisées au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ont permis de confirmer l’efficacité des programmes de vaccination contre le méningocoque C avec une diminution rapide et durable de l’incidence des IIM liées au sérogroupe C dans l’ensemble des classes d’âge. Les stratégies reposaient sur l’obtention rapide d’une immunité de groupe grâce aux couvertures vaccinales élevées dans l’ensemble des classes d’âge ciblées par la vaccination et notamment les adolescents et jeunes adultes.
La durée de protection individuelle après la vaccination contre le méningocoque C n’est pas établie. Plusieurs études ont montré la baisse du taux d’anticorps contre le méningocoque C et de l’efficacité vaccinale après la vaccination lorsqu’elle était réalisée tôt dans l’enfance. Dans certains pays, la protection à long terme repose sur l’immunité collective forte qui a permis de presque faire disparaitre la circulation des méningocoques C. Les données épidémiologiques françaises et internationales sont suivies avec attention pour évaluer la nécessité d’un rappel chez les sujets ayant reçu une primovaccination tôt dans l’enfance.
En France, la vaccination systématique contre les IIM C a été mise en place à partir de 2010. Après une étude médico-économique comparative de type coût-efficacité et au vu des expériences anglaise et hollandaise, la stratégie mise en place en 2010 a été la vaccination systématique des nourrissons âgés de 12 à 24 mois avec une seule dose de vaccin méningococcique C associée à un rattrapage jusqu’à 24 ans révolus. Cette stratégie avait une composante de protection individuelle et une composante de protection collective. L’objectif était d’obtenir rapidement une couverture vaccinale élevée dans l’ensemble des classes d’âge ciblées par la vaccination pour induire une immunité de groupe susceptible de protéger indirectement les sujets non vaccinés, notamment les nourrissons les plus affectés par les IIM.
L’évolution de l’épidémiologie des IIM C depuis l’introduction de la vaccination a montré un impact limité de la vaccination contre le méningocoque C sur l’incidence de la maladie dans le contexte d’un nouveau cycle épidémique ayant démarré en 2010.
Le taux d’incidence des IIM C est resté stable chez les 1-24 ans tandis qu’il a augmenté entre 2011 et 2016 dans la tranche d’âge des moins de 1 an pour lesquels était attendu le bénéfice d’une immunité de groupe. Ces résultats sont à mettre en relation avec des taux de couverture vaccinale insuffisants, notamment des adolescents et des jeunes adultes chez lesquels les taux de portage sont les plus élevés.
Entre 2011 et 2017, 342 cas d’IIM C (dont 32 décès) sont survenus chez des personnes âgées de 1 à 24 ans non vaccinées et 497 cas d’IIM C (dont 76 décès) sont survenus chez des nourrissons de moins de 1 an et des adultes. Une grande partie de ces cas et décès auraient pu être évitée si la couverture vaccinale des 1-24 ans avait été suffisante pour induire une immunité de groupe dans l’ensemble de la population.
En attendant d’atteindre cette immunité de groupe susceptible de protéger les nourrissons de moins de 1 an, qui sont les plus à risque de contracter une forme grave d’IIM C, la vaccination des nourrissons contre le méningocoque C est obligatoire à l'âge de 5 mois avec un rappel à 12 mois, en maintenant le rattrapage vaccinal jusqu’à l’âge de 24 ans inclus. Cette vaccination sera exigée pour l’entrée ou le maintien en collectivité pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018.
Vaccins méningococciques polyosidiques ACWY conjugués (Menveo®, Nimenrix®, Menquadfi®)
Nimenrix®
L’immunogénicité du vaccin Nimenrix® (A, C, Y, W-TT) a été évaluée dans des essais cliniques chez des sujets âgés de 1 an à plus de 55 ans (dossier AMM européenne). Nimenrix® s’est montré aussi immunogène que les comparateurs pour les quatre valences.
La persistance des anticorps a été évaluée à deux ans après la vaccination. Une baisse progressive et continue de la réponse vaccinale est observée pour les quatre antigènes avec toutefois la persistance de taux élevés de protection dans toutes les tranches d’âge.
Une étude incluant 2000 enfants entre 6 et 12 semaines montre que Nimenrix® est immunogène dans un schéma vaccinal à 2 doses à deux mois d’intervalle.
Menveo®
L’immunogénicité du vaccin Menveo® a été évaluée chez l’enfant âgé de 2 ans et plus et chez l’adulte jusqu’à 65 ans. L’efficacité protectrice a été estimée par l’activité bactéricide du sérum en présence de complément humain (titre hSBA> 1:8). L’étude de la persistance des anticorps montre à un an après vaccination, une diminution importante de la réponse vaccinale pour la valence A et de façon plus modeste pour la valence C. La pertinence clinique de cette décroissance des titres en anticorps hSBA contre le groupe A est inconnue. Si un sujet est considéré comme particulièrement à risque d’exposition au sérogoupe A (Men A) et a reçu une dose de Menveo® plus d’un an avant environ, l’administration d’une dose de rappel peut être envisagée.
La durée de protection conférée par le vaccin Menveo® est inconnue.
Menquadfi®
L’immunogénicité d’une dose unique de Menquadfi® a été évaluée et démontrée chez des jeunes enfants de 12 à 23 mois naïfs de toute vaccination méningococcique ou primovaccinés contre le méningocoque C. Dans cette tranche d’âge, Menquadfi® est non inférieur à Nimenrix®. Chez des enfants de 2 à 9 ans une dose unique entraine une bonne réponse immunitaire pour les 4 sérogroupes et est non inférieur à Menveo®. L’immunogénicité d’une dose unique de Menquadfi® a également été démontrée chez des sujets âgés de 10 à 17 ans naïfs de vaccin méningococcique, chez les adultes de 18 à 55 ans et chez les sujets de plus de 55 ans. L’immunogénicité d’une dose unique de Menquadfi® administrée en rappel après une première vaccination méningococcique a été analysée dans une étude pivot (sujets âgés de 15 à 55 ans) et a été démontrée ayant auparavant reçu un vaccin quadrivalent méningococcique à 10 ans ou plus et dans les 4 à 10 ans avant la dose de rappel, quel que soit le vaccin quadrivalent utilisé pour la primovaccination.
Il n’y a pas de données sur la persistance de la réponse immunitaire dans les différentes tranches d’âge.
Lorsque la vaccination par un vaccin méningococcique tétravalent conjugué A, C, Y, W est envisagée chez un sujet ayant reçu antérieurement un vaccin méningococcique :
- aucun délai n’est recommandé après la vaccination avec un vaccin conjugué monovalent C ;
- un délai de trois ans est recommandé après la vaccination avec un vaccin tétravalent non conjugué (durée estimée de protection du vaccin non conjugué) ;
- en cas de nécessité impérative et urgente d’élargir la protection aux sérogroupes W et Y des sujets vaccinés depuis moins de trois ans avec le vaccin non conjugué A+C et, en l’absence de données spécifiques, aucun délai minimum n’est recommandé.
Lorsque la vaccination par un vaccin méningococcique conjugué monovalent C est envisagée chez un sujet ayant reçu antérieurement un vaccin méningococcique non conjugué contenant la valence C (vaccin méningococcique A+C® polyosidique), un délai de trois ans est recommandé.
Vaccins contre le méningocoque B (Bexsero®, Trumemba®)
Bexsero®
Comme pour les autres sérogroupes, la faible incidence des infections invasives à méningocoque B rendent la réalisation d’essais cliniques d’efficacité impossible. Il a donc été convenu, en accord avec les agences réglementaires européennes, que l’évaluation de l’efficacité se fasse sur des critères d’immunogénicité et de tolérance, ainsi que sur des données de similarité antigéniques entre les souches circulantes du méningocoque B et les antigènes vaccinaux. L’immunogénicité du Bexsero® a été évaluée chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte avec des schémas vaccinaux différents selon l’âge.
- Nourrisson de moins de 6 mois
Chez le nourrisson de moins de 6 mois, il est observé une réponse élevée (% hSBA≥1:5, et MGT) pour tous les antigènes vaccinaux après une primovaccinations à 3 doses.
Une étude a comparé les schémas 2-3-4 mois sans différence en terme d’activité bactéricide et de réponse au rappel entre les deux groupes.
Dans les études de suivi, une baisse significative de la séroprotection est observée douze mois après la dernière dose de primovaccination mais une réponse de type anamnestique est obtenue après rappel, quel que soit le schéma de primovaccination à 3 doses (2-3-4 ou 2-4-6 mois). Les titres d’anticorps observés après rappel sont plus élevés que ceux obtenus après primovaccination, témoignant de la mise en place d’une immunité mémoire.
- Nourrisson de plus de 6 mois et enfant
Il est observé une réponse vaccinale élevée avec un schéma de primovaccination à 2 doses.
Pour les enfants naïfs vaccinés à 12 mois, la réponse à 1 dose est moins importante que celle obtenue après le rappel chez les nourrissons ayant reçu une primovaccination. Le schéma 1 dose à 12 mois s’accompagne également d’une chute très importante de l’activité bactéricide à 40 mois. Ces données expliquent pourquoi un schéma à 2 doses (intervalle minimum de deux mois) est recommandé en primo-vaccination à partir de l’âge de 12 mois. La nécessité d’1 dose de rappel n’a pas été établie dans la population des plus de 2 ans ayant reçu 2 doses à deux mois d’intervalle, ni chez les adolescents et les adultes.
- Adolescent et adulte à partir de 11 ans
Les études d’immunogénicité montrent une bonne réponse immunitaire avec des schémas à 2 doses administrés à un, deux ou six mois d’intervalle.
Il n’existe pas de données sur l’utilisation de Bexsero® chez le sujet âgé de plus de 50 ans.
Les études d’immunogénécité ont également démontré que Bexsero® peut être administré aux enfants en même temps que les vaccins existants dans le calendrier de vaccination sans compromettre la réponse immunitaire vis-à-vis de Bexsero® ou de ces autres vaccins.
Effets sur le portage
Ni un essai randomisé australien (2020), ni les trois études réalisées en réponse à des épidémies des IIM attribuables au sérogroupe B au Canada (2014) et aux États-Unis (2015-2016), ni l’essai clinique randomisé au Royaume-Uni n'ont permis de fournir des données attestant un impact de la vaccination par Bexsero® sur le portage.
Efficacité de terrain du Bexsero®
En juillet 2015, le Royaume-Uni a mis en place une vaccination universelle des nourrissons contre le méningocoque B (schéma : 2-4 mois suivi d’un rappel à 12 mois). Les premières données obtenues après dix mois d’introduction du vaccin, concernant environ 500000 nourrissons, montrent une efficacité vaccinale de 82,9% (IC 24,1-95,2) contre tout type de méningocoque B.
Une 2eme étude au Canada chez les 2 mois à 20 ans conclue à une efficacité de 79%, non significative du fait d’un intervalle de confiance très large.
En Angleterre, la comparaison de l’incidence de l'infection à méningocoques B observée au cours de ces 3 années avec l'incidence attendue, estimée à partir de l’incidence observée au cours des quatre années précédant l'introduction du vaccin une réduction de 75,0 % ([IC 95 % : 64-81] du nombre de cas des IIM B dans les cohortes de nourrissons totalement éligibles.
En Italie, dan s2 régions, la baisse de l’incidence conduit à une évaluation de l’efficacité du vaccin variant de 55% à 99%. Une étude cas-témoin au Portugal concluait à une efficacité de la vaccination complète de 79 % [IC 95 % : 45 ; 92]
Les études observationnelles disponibles permettent de conclure que la vaccination Bexsero® est efficace contre les IIM B. Cependant, le faible nombre de cas des IIM B inclus ne permet pas d’estimer l’efficacité vaccinale avec précision. La comparaison d’estimations d’efficacité en vie réelle entre pays et l’extrapolation à un autre pays est délicate pour les IIM B, à cause de la variabilité des souches circulantes et donc de la couverture vaccinale des souches. Les analyses portaient aussi sur des âges et nombre de doses différents.
Trumemba®
- Enfants et adultes à partir de 10 ans
Une étude de phase 2 montre que la réponse immunitaire provoquée par Trumenba® dépend du calendrier d'administration du vaccin. Dans cet essai de phase 2, la réponse immunitaire pour un schéma à 2 doses à 6 mois d’intervalle semble équivalente à celle des schémas à 3 doses. Un court intervalle de temps entre les deux premières doses entraîne une réponse plus faible. En cas d'épidémie, un schéma rapide de 0, 1-2, 5-6 mois fournit une réponse immunitaire protectrice précoce puis une protection maximale avec la dose finale. Les principaux objectifs des études de phase 3 ont été atteints pour toutes les souches, pour les résultats d'immunogénicité et l'uniformité des lots.
Effets sur le portage
Aucune donnée n’a été soumise par le laboratoire concernant l'impact éventuel de Trumenba® sur le portage rhinopharyngé.
Des études menées lors d’épidémies en 2015-2016 dans des universités américaines ont permis d'évaluer l'impact du vaccin sur le portage rhinopharyngé chez les adolescents. Les deux études n'ont pas démontré d'impact sur le portage pendant les épidémies.
On ne dispose pas de données actuellement en faveur d’un impact sur le portage de la vaccination par Trumenba®.
Efficacité de terrain de Trumenba®
Aucune étude sur l'efficacité en vie réelle n'a été incluse dans le dossier d’évaluation du vaccin. En raison de la faible incidence des infections invasives à méningocoques causées par le sérogroupe B, les études d'efficacité ne sont pas réalisables.