Le virus Herpes zoster, exclusivement humain, est responsable de deux entités cliniques : la varicelle et le zona. Le zona est une infection qui peut toucher toutes les personnes qui ont eu la varicelle. Il est dû à la réactivation du virus varicelle-zona, qui peut se produire quand le système immunitaire est affaibli en raison par exemple d’une maladie, d’un traitement (comme une chimiothérapie) ou de l’âge.
Le zona est une dermatose virale fréquente qui touche particulièrement les personnes à l’âge adulte. Les complications, telles que les surinfections bactériennes, les manifestations neurologiques, méningites, encéphalites et en particulier les douleurs post-zostériennes (DPZ), touchent essentiellement les personnes âgées de plus de 50 ans. L’atteinte ophtalmologique est peu fréquente, mais cliniquement préoccupante. L’incidence et la gravité augmentent avec l’âge. On compte ainsi près de 10 cas pour 1000 personnes chez les plus de 80 ans.
En France, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a recommandé en 2013 l’administration du vaccin Zostavax® aux adultes de 65 à 74 ans révolus, en suivant un schéma à une seule dose pour la prévention du zona et des douleurs post zostériennes (DPZ). Un autre vaccin, Shingrix®, a toutefois obtenu en 2018 une autorisation de mise sur le marché chez les adultes de 50 ans et plus, étendue en 2020 aux adultes de 18 ans et plus présentant un risque accru de zona.
La HAS préconise la vaccination contre le zona des adultes immunocompétents de 65 ans et plus, préférentiellement avec le vaccin Shingrix® avec un objectif de simplification du calendrier vaccinal et de communication auprès du grand public afin d’améliorer la couverture vaccinale.
Le schéma de primovaccination par Shingrix® consiste en l’administration de deux doses, avec un intervalle de deux mois entre chaque dose. Si besoin, l’intervalle peut être compris entre deux et six mois. Il n’est par ailleurs pas nécessaire de recommencer la série vaccinale en cas de dépassement du délai de six mois. La HAS recommande pour les personnes ciblées par cette recommandation et ayant des antécédents de zona ou de vaccination par Zostavax, un schéma complet avec le vaccin Shingrix®, après un délai d’au moins un an. Dans des situations particulières (induction prochaine d’une immunosuppression ou des épisodes de zona à répétition), le vaccin Shingrix® peut être administré dès la guérison du zona.
Une efficacité supérieure du vaccin Shingrix® par rapport au vaccin Zostavax® :
- Le vaccin Shingrix® présente une meilleure efficacité pour la prévention du zona et des DPZ que le vaccin Zostavax®. La protection du Shingrix® contre le zona est de 79,3 % chez les personnes immunocompétentes et immunodéprimées ou présentant des pathologies chroniques, tandis que la protection de Zostavax® est de 46 %.
- La durée de protection du Shingrix® contre le zona était d’environ 73 % neuf ans après la vaccination. Des études exploratoires ont montré que Shingrix® pourrait réduire l’impact de la maladie sur la qualité de vie chez les personnes immunocompétentes ou ayant subi une greffe de cellules souches hématopoïétiques.
- Des données d’immunogénicité montrent une meilleure réponse immunitaire avec le vaccin Shingrix® par rapport au vaccin Zostavax®.
- Les personnes vaccinées (immunocompétentes de 50 ans et plus) avec Shingrix® ont montré une meilleure réponse vaccinale que celles vaccinées avec Zostavax®. Des données de sécurité et de tolérance rassurantes et une balance bénéfice/risque favorable.
Des données de sécurité et de tolérance rassurantes et une balance bénéfice/risque favorable :
- Le vaccin Shingrix® est associé à davantage d’événements locaux indésirables (douleur au site d’injection, rougeur) par rapport au Zostavax®. Toutefois, il n’y a eu aucune différence statistiquement significative entre les vaccins (Shingrix® et Zostavax®) quant à la survenue d’événements indésirables graves ou de décès.
- Les personnes immunodéprimées vaccinées avec Shingrix® ont rapporté plus d’événements locaux et systémiques que les personnes non vaccinées. Les réactions étaient généralement légères ou modérées. Shingrix® n’a pas été associé à une augmentation du risque d’événements indésirables graves ou de décès.
Une co-administration des vaccins contre le zona (Shingrix® et Zostavax®) avec d’autres vaccins :
Une co-administration du Zostavax® avec le vaccin pneumococcique 23-valent, le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin dTP est recommandée actuellement en France. Les études qui ont évalué la co-administration du Shingrix® avec d’autres vaccins, tels que le vaccin pneumococcique 23-valent, le vaccin dTca, le vaccin contre la grippe saisonnière et le vaccin contre la Covid-19 (ARNm-1273) n’ont pas montré une interférence immunitaire (voies d’administration différentes), à l’exception du sérotype B/Victoria pour le vaccin contre la grippe et de la pertactine pertussique pour le vaccin dTca. L’administration du vaccin Shingrix® a également montré un bon profil de tolérance lorsqu’il est administré avec ces vaccins.
Une acceptabilité vaccinale des personnes ciblées par ces recommandations qui pourrait augmenter grâce à la participation des professionnels de santé :
- La globale de la vaccination contre le zona était de 56 %, et le taux d’acceptabilité augmentait après avoir reçu des informations par les professionnels de santé (75 %). En France, une enquête a montré que les personnes ayant une connaissance de la sévérité de la maladie étaient plus favorables à la vaccination (54 %) que celles qui n’avaient pas de connaissance sur la gravité ou les complications du zona (53 %).
Par ailleurs, considérant les rendez-vous de prévention aux âges-clés de la vie et les vaccinations actuelles (18-25 ans, 45-50 ans, 60-65 ans et 70-75 ans) et les vaccinations proposées aux adultes à partir de 65 ans à ce jour : rappel contre la diphtérie, le tétanos, et la poliomyélite, une dose annuelle du vaccin contre la grippe et contre la Covid-19, et la vaccination contre le zona.
Vaccination des personnes immunodéprimées :
La HAS recommande également la vaccination contre le zona avec le vaccin Shingrix® des personnes de 18 ans et plus, dont le système immunitaire est défaillant, en raison des pathologies innées (par exemple un déficit immunitaire primitif) ou acquises (par exemple immunodépression liée à l’infection par le VIH) ou d’un traitement (par exemple la corticothérapie au long cours ou les traitements immunosuppresseurs). La vaccination des immunodéprimés fera l’objet de recommandations spécifiques.
Enfin, la HAS insiste sur le fait que des études sur la durée de protection de la vaccination contre le zona chez les personnes immunodéprimées sont nécessaires, et qu’elle souhaiterait également disposer d’études médico-économiques en contexte français.
Ces recommandations pourront être actualisées en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques.