La sécurité d’emploi d’un nouveau médicament ne peut être totalement assurée par les études précliniques et les essais cliniques qui précèdent l’accord d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). La pharmacovigilance est donc indispensable pour assurer la sécurité d’emploi des médicaments – donc des vaccins – après leur mise sur le marché. Elle a pour objet la surveillance, l’évaluation, la prévention et la gestion du risque d’effet indésirable résultant de l’utilisation des médicaments et produits mentionnés à l’article L.5121-1 du Code de la santé publique.
La particularité d’un vaccin est qu’il s’adresse habituellement à des sujets en bonne santé, souvent jeunes (impliquant donc l’acceptation des parents). Son bénéfice individuel est différé et hypothétique, alors que son risque est le plus souvent immédiat. Le profil de sécurité d’emploi doit donc être excellent pour faire accepter la stratégie vaccinale. La population vaccinée est variée (du nourrisson à la personne âgée) et large, facilitant l’évaluation de la sécurité d’emploi à un temps donné et dans un groupe donné.
Organisation de la pharmacovigilance
Le système de pharmacovigilance implique les professionnels de santé, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), les entreprises ou organismes exploitant les médicaments ainsi que les patients et associations agréées de patients. Il est coordonné par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Plus précisément, il repose au niveau national sur le réseau des CRPV et les autres réseaux de vigilance, répartis sur l’ensemble du territoire national afin de favoriser les échanges de proximité avec les professionnels de santé ainsi que l’ensemble des déclarants, dont les patients.
La pharmacovigilance repose notamment sur des notifications spontanées, adressées par les professionnels de santé à propos des effets indésirables médicamenteux dont ils ont connaissance, ainsi que par les patients et les associations de patients.
Échelon régional
La notification spontanée d’un effet indésirable observé par le prescripteur ou le patient/association de patient constitue le socle du système. Elle est adressée soit directement au centre régional de pharmacovigilance dont il dépend géographiquement, soit via le portail de signalement des événements sanitaires indésirables du ministère chargé de la Santé. Cette démarche a été formalisée et structurée au sein d’un réseau de 30 centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), implantés dans des services de pharmacologie ou de toxicologie de CHU, et répartis sur le territoire. Cette distribution régionale est une particularité du système français et favorise les échanges sur le terrain avec les professionnels de santé.
Les CRPV assurent une mission de renseignement et d’information en pharmacovigilance en répondant aux questions d’ordre général ou individuel posées par les professionnels de santé ou les usagers sur les effets indésirables, sur la prescription et sur l’utilisation des médicaments.
Des bulletins d’information sont très régulièrement publiés par les différents CRPV et peuvent être consultés sur leurs sites respectifs ou sur celui du réseau des CRPV.
Depuis fin 2016, il est possible de suivre le réseau des CRPV sur Twitter, où sont diffusés des informations validées, des actualités sur le médicament et, tous les vendredis, un #pharmacoQuiz pour tester ses connaissances de façon ludique.
Échelon national
L’ANSM recueille et centralise les informations relatives aux risques et utilisations susceptibles d’influer sur la sécurité du médicament, qu’elle qu’en soit la source. L’ANSM examine et prend les mesures qui s’imposent en matière de santé publique, afin de prévenir les risques ou de les réduire en vue d’assurer la sécurité d’emploi des médicaments dans le respect des procédures européennes et nationales applicables telles que, notamment, des modifications du résumé des caractéristiques d’un produit (RCP), l’inscription sur une liste de prescriptions particulières, ou encore pour suspendre ou retirer son autorisation de mise sur le marché (AMM).
Appliquée à toutes les notifications reçues par les CRPV, deux démarches assurent un contrôle de qualité de l’information recueillie. Tout d’abord, l’éventualité d’une relation causale entre la prise du médicament et l’effet indésirable rapporté est soumise à une analyse dite «d’imputabilité».
Ainsi, ce n’est qu’après avoir rassemblé les informations cliniques et biologiques nécessaires pour évaluer l’imputabilité (chronologie des événements, sémiologie de l’effet indésirable, résultats des examens de laboratoire appropriés) que l’observation sera saisie dans la banque de données nationales de pharmacovigilance. Cette saisie utilise un format informatique comportant des renseignements obligatoires et ceci constitue un deuxième contrôle de qualité.
L’ANSM édite régulièrement une newsletter, ANSM ACTU, à laquelle il est possible de s’abonner, et des informations de sécurité qui peuvent être consultées sur son site.
Ainsi, afin d’accompagner l’extension de l’obligation vaccinale chez les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018, l’ANSM avait étudié l’ensemble des déclarations d’événements ou effets indésirables notifiés au réseau national des Centres Régionaux de Pharmacovigilance (CRPV) sur la période 2012-2017 précédent l’extension de l’obligation vaccinale afin de disposer d’un état des lieux avant l’obligation vaccinale. L’ANSM a par la suite mis en place une surveillance renforcée des vaccins obligatoires pour les enfants de moins de 2 ans. Les rapports publiés chaque année depuis l’obligation vaccinale confirmaient la sécurité des vaccins obligatoires pour les enfants de moins de 2 ans, en montrant que les effets indésirables des vaccins rapportés avant l'obligation, étaient de même nature que les effets indésirables rapportés depuis l’obligation Ces effets indésirables étaient connus, transitoires et mentionnés dans la notice des vaccins.
L"ANSM a mis en place depuis plusieurs années une surveillance renforcée des vaccins HPV.
Plus récemment, elle a publié régulièrement des infomations relatives aux vaccins contre la COVID-19 au fur et à mesure de leur mise à disposition.
Échelon européen
La pharmacovigilance s’inscrit également dans un cadre européen contraignant, visant à un large processus d’harmonisation. Elle repose sur le réseau des systèmes nationaux – dont les États-membres sont responsables – coordonné par :
- le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) siégeant auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA),
- le groupe de coordination pour les procédures de reconnaissance mutuelle et décentralisées (CMDh), placé sous l’égide des chefs d’agences,
- le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) siégeant auprès de l’EMA. Le PRAC est chargé d’émettre des recommandations aux CHMP et CMDh sur toute question relative à la gestion du risque au regard des bénéfices des médicaments.
Dans ce système, les États-membres ont pour rôle de recueillir, d’enregistrer et d’évaluer les données de pharmacovigilance ; de transmettre les effets indésirables à l’EMA par l’intermédiaire de la base de données européenne de pharmacovigilance « EudraVigilance », qui centralise ainsi dans un point unique de l’Union européenne l’ensemble de ces données.
Échelon international
Une collaboration internationale est par ailleurs établie avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi que les autres autorités de santé (États-Unis, Japon, etc.).