Suivi et évaluation des programmes de vaccination

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Le suivi et l’évaluation des programmes de vaccination reposent en partie sur la mesure de la couverture vaccinale, ainsi que le suivi de l’adhésion à la vaccination en général ou pour certaines vaccinations en particulier. Ces données sont également complétées par des études d’efficacité vaccinale ou des études d’impact visant à estimer les nombres de cas évités grâce à la vaccination.

Il existe différents outils d’évaluation de la couverture vaccinale en France. 

Il s’agit :

  • des données de remboursement de vaccins à partir de la base du Datamart de consommation interrégimes (DCIR) du Système national des donnés de santé (SNDS) ;
  • de l’exploitation des certificats de santé de l’enfant à 24 mois ;
  • plus ponctuellement, des enquêtes locales ou nationales réalisées par sondage en population générale ou dans des groupes spécifiques de la population.

Données de remboursement

Afin d’être en mesure de suivre de manière réactive l’impact de l’extension des obligations vaccinales du nourrisson sur la couverture vaccinale, Santé publique France a développé et mis en œuvre une estimation des couvertures vaccinales, aux niveaux départemental, régional et national, à partir de la base du Datamart de consommation inter-régimes (DCIR) du Système national des donnés de santé (SNDS).

Cette base de données, gérée par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM), est composée de plusieurs milliards d’enregistrements. Elle intègre les remboursements d’actes de soins, y compris les délivrances de vaccins de la quasi-totalité des régimes d’Assurance maladie.

Les explorations effectuées à partir de cette base ont permis de conclure qu’il est possible d’estimer de manière fiable les activités de délivrance de vaccins d’un mois donné dans un délai de 3 mois après la fin du mois en question. Santé publique France peut ainsi générer chaque année les estimations de couverture vaccinale arrêtées au 31 décembre de l’année précédente, données qui sont rendues publiques lors des Semaines européennes de la Vaccination organisées généralement en avril.

Les indicateurs qui ont été générés sont les suivants :

  • Pour les primo-vaccinations de la première année de vie (1ère dose de vaccin contre l’hépatite B, le pneumocoque, méningocoque C à l’âge de 5 mois, le méningocoque B et le rotavirus), la mesure est faite à l’âge de 8 mois.
  • Pour les vaccinations de la seconde année de vie (3ème dose de vaccin contre l’hépatite B, pneumocoque et le méningocoque B, vaccin contre le méningocoque C à 12 mois et vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) à 12 mois), la mesure est faite à l’âge de 21 mois. Pour estimer la couverture vaccinale de la dose de vaccin contre le méningocoque C recommandée à l’âge de 12 mois, les doses de vaccins (1ère ou 2ème doses) délivrées à partir de l’âge de 10 mois sont prises en compte.
  • Pour la seconde dose de vaccin ROR : les couvertures vaccinales, la mesure est faite à l’âge de 33 mois.
  • Pour la dose de Méningocoque C chez les enfants plus grands et l’adolescent : les couvertures vaccinales sont estimées pour les enfants âgés de 2 à 4 ans, 5 à 9 ans, 10 à 14 ans, et 15 à 19 ans. Les doses de vaccins prises en compte sont celles délivrées à partir de l’âge de 10 mois.
  • Pour le vaccin HPV : les couvertures vaccinales 1 dose sont estimées pour les jeunes filles âgées de 15 ans. Les couvertures vaccinales 2 doses sont estimées pour les jeunes filles âgées de 16 ans Cette vaccination est également recommandée aux garçons depuis le 1er janvier 2021 et les couvertures vaccinales 1 dose ont été estimées pour les jeunes garçons âgées de 15 ans et les couvertures vaccinales 2 doses ont été estimées pour les jeunes garçons âgées de 16 ans.

Les données du SNDS présentent cependant des limites dans certains départements notamment, car les vaccinations administrées dans les centres de protection maternelle et infantile (PMI) ne sont pas toujours incluses, en fonction du mode d’achat et de remboursement des vaccins. En effet, les vaccins ne peuvent pas être rattachés aux bénéficiaires lorsqu’ils font l’objet d’un achat par les départements et qu’ils sont délivrés gratuitement. Les analyses présentées corrigent, dans la mesure du possible, cette limite.

En raison de la forte proportion de personnes non affiliées à un régime d’assurance maladie, ou de faibles effectifs, le DCIR ne permet pas d’obtenir des estimations de couverture vaccinale fiables à Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon Ces départements et territoires sont donc exclus de l’analyse. Pour la Guyane les données ne couvrent pas l’ensemble du territoire et surestiment très vraisemblablement la couverture vaccinale.

  • Fonteneau L, Ragot M, Isabelle Parent du Châtelet, Guthmann JP, Lévy-Bruhl D. The use of reimbursement data for timely monitoring of vaccination coverage: the example of human papillomavirus vaccine following public concerns about vaccine safety. BMC Public Health, 2015; 15: 1233.
  • Fonteneau L, Ragot M, Guthmann JP, Lévy-Bruhl D. Use of health care reimbursement data to estimate vaccination coverage in France: Example of hepatitis B, meningitis C, and human papillomavirus vaccination. Rev Epidemiol Sante Publique 2015 ; pii: S0398-7620(15), 00362-4.

La couverture vaccinale contre la grippe est estimée chaque année par Santé publique France  à partir des données du SNDS pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi qu’aux autres personnes de moins de 65 ans cibles de la vaccination (personnes en ALD ou atteintes d’asthme ou de BPCO, etc.).

À l’âge de 2 ans : certificats de santé de l’enfant

À l’âge de 2 ans, la couverture vaccinale est suivie via l’analyse des données issues des certificats de santé du 24ème mois. Le certificat est rempli pour chaque enfant par le médecin lors de l’examen obligatoire du nourrisson au 24ème mois. Ce certificat comporte une rubrique « vaccination » dans laquelle doivent être reportées toutes les vaccinations effectuées.

Le praticien réalisant l’examen ou la famille adresse ce certificat dûment rempli au médecin responsable du service de PMI, sous pli confidentiel et fermé.

L’exploitation des certificats de santé est effectuée dans chaque département par les services départementaux de PMI. 

Depuis 2022, les modalités de collecte ont été simplifiées en limitant la remontée d’informations aux seules données agrégées relatives aux vaccinations décrites dans les certificats de santé du 24ème mois. Les données sont collectées par Santé publique France, via un web questionnaire.  

Les analyses concernent les vaccinations à effectuer avant l’âge de 2 ans et mentionnées sur les certificats du 24ème mois, à savoir :

  • les deux doses avant l’âge de 6 mois et le rappel à 11 mois (depuis 2013) pour le vaccin contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, l’Haemophilus influenzae b, les infections invasives à pneumocoque et l’hépatite B ;
  • les deux doses (à cinq et douze mois) de vaccin contre le méningocoque C ;
  • les première et deuxième doses pour le vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons recommandées respectivement à 12 mois et entre 16 et 18 mois.

Les certificats de santé, renseignés par les médecins, permettent de suivre les tendances historiques (depuis 1985) et de réaliser des comparaisons annuelles

Ces données sont disponibles à l’échelon départemental, ce qui permet d’étudier les variations spatiales des couvertures vaccinales.

Cette source de données présente cependant des limites :

  • délai long entre l’acte vaccinal et la disponibilité de l’information : le temps nécessaire à la diffusion des données après remplissage du certificat de santé est d’un peu plus d'un ans, du fait des différentes étapes de saisie au niveau des départements, de transfert et de traitement des données au niveau national ;
  • outil peu réactif aux changements du calendrier vaccinal : tout changement nécessite l’impression de nouveaux certificats, leur mise en circulation, puis leur utilisation. Ceci explique, par exemple, l’absence de données issues de cette source pour le vaccin contre le méningocoque B, alors que ce vaccin a été introduit dans le calendrier vaccinal en avril 2022, et pour le vaccin contre le rotavirus, introduit en 2023 ;
  • participation des départements à la remontée d’information insuffisante et en diminution dans certaines régions : en 2022, 83 départements seulement ont fait remonter les données des certificats du 24e mois, ce qui représente un frein pour l’estimation de données à l’échelon régional ;
  • tous les certificats de santé des enfants ne sont pas transmis aux services départementaux.

Au total, les certificats dont les informations sont collectées et transmises au niveau national concernent environ 25% des enfants de la classe d’âge.

Cependant les certificats de santé de l’enfant sont en cours de dématérialisation, ce qui devrait faciliter la remontée d'informations. Un test a été réalisé en 2022 pour les certificats du 8ème jour, dont les résultats étaient attendus fin 2023.

L’enregistrement des vaccinations dans monespacesante.fr par les assurés sociaux et les professionnels de santé a commencé en 2023. Dans un premier temps cet outil va permettre aux personnes et à leur médecin de connaître leur statut vaccinal.

À tout âge : enquêtes par sondage

La réalisation d'enquêtes est parfois nécessaires lorsque des données de couverture vaccinale ne peuvent être obtenues par d’autres sources. Elles sont conduites à différentes échelles géographiques (nationale, régionale ou départementale) ; elles peuvent cibler différents groupes d’âge, s’adresser à certaines catégories socioprofessionnelles spécifiques et utiliser des techniques de sondage plus ou moins élaborées, allant parfois jusqu’à des sondages complexes à plusieurs degrés et avec différents niveaux de stratification.

Plusieurs enquêtes ponctuelles ont été réalisées ces dernières années par Santé publique France en collaboration avec d’autres institutions. 

Enquêtes auprès des professionnels exerçant en établissements médico-sociaux (ESMS) incluant les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ou dans les établissements de santé

Plusieurs études ont été conduites pour estimer les couvertures vaccinales contre la grippe des résidents et des professionnels dans les Ehpad ou plus largement dans les ESMS (notamment saisons 2007-2008, 2018-2019, 2020-2021, 2021-2022 et 2022-2023), ou pour estimer les couvertures vaccinales contre la rougeole, coqueluche, grippe et varicelle des professionnels de santé dans les établissements de santé en 2018-2019. Des enquêtes ont également été conduites pour estimer les couvertures vaccinales des résidents ou des professionnels contre la Covid-19.

Quelques exemples :

  • Vaux S, Fonteneau L, Péfau M, Venier AG, Gautier A, Altrach SS, et al. Vaccination against influenza, measles, pertussis and varicella in workers in healthcare facilities in France: A national cross-sectional study in 2019. Vaccine. 2023;41(3):812-20.
  • Vaux S, Fonteneau L, Venier AG, Gautier A, Soing Altrach S, Parneix P, et al. Influenza vaccination coverage of professionals working in nursing homes in France and related determinants, 2018–2019 season: a cross-sectional survey. BMC Public Health. 2022;22(1)
  • Vaux S, Noël D, Fonteneau L, Guthmann JP, Lévy-Bruhl D. Influenza vaccination coverage of healthcare workers and residents and their determinants in nursing homes for elderly people in France: A cross-sectional survey. BMC Public Health. 2010;10

Enquêtes en population générale

Des grandes enquêtes conduites en population générale permettent également d’estimer des couvertures vaccinales en population générale ou dans des populations particulières (ex : chez l’adolescent, chez la femme enceinte, chez les personnes de 65 ans et plus). Ces enquêtes permettent notamment de disposer d’information complémentaires notamment sur les raisons de non vaccination. Elles permettent également d’étudier les facteurs associés ou déterminants. Elles ont ainsi permis de mettre en évidence l’impact des inégalités sociales et territoriales de santé dans le champ de la vaccination. Des estimations de couverture vaccinale ont ainsi été produites grâce aux données du Baromètre de santé publique France.

Quelques exemples :

  • Vaux  S, Gautier  A, Soullier  N, Le Masne  A, Bonmarin  I, Parent du Châtelet  I.  Couverture vaccinale contre la grippe des femmes enceintes, propositions de vaccination et étude des déterminants, France métropolitaine, 2019-2021. Bull Épidémiol Hebd. 2023;(17):338-46. 
  • Hanguehard R, Gautier A, Soullier N, Barret AS, Parent du Chatelet I, Vaux S. Couverture vaccinale contre les infections à papillomavirus humain des filles âgées de 15 à 18 ans et déterminants de vaccination, France, 2021. Bull Épidémiol Hebd. 2022;(24-25):446-55.
  • Vaux S, Van Cauteren D, Guthmann JP, Le Strat Y, Vaillant V, De Valk H, et al. Influenza vaccination coverage against seasonal and pandemic influenza and their determinants in France: A cross-sectional survey. BMC Public Health. 2011;11. 

Historiquement des enquêtes avaient été conduites par l’Insee (enquête décennale) ou par l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Jusqu’en 2008, la couverture vaccinale nationale contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite était mesurée essentiellement grâce à l’enquête décennale sur les conditions de vie Sesi-Insee ou l’enquête décennale menée par l’Insee environ tous les dix ans. Elle a ensuite été estimée par des enquêtes menées par l’Irdes.

Enquêtes dans des populations spécifiques

Certaines enquêtes ciblent directement des populations spécifiques. Ceci va être le cas par exemple des enquêtes nationales périnatales (ENP) qui permettent de disposer d’information auprès de femmes ayant accouché, les enquêtes Prevagay ou ERAS « Rapport au sexe » qui permettent de disposer d’informations auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ou des enquêtes conduites auprés de populations défavorisées.

Quelques exemples :

Enquêtes sur l'adhésion à la vaccination

Des données d’adhésion à la vaccination en général ou vis-à-vis de certaines vaccinations en particulier sont collectées dans le cadre d’études telles que les enquêtes du Baromètre de Santé publique France ou des enquêtes Coviprev réalisées régulièrement depuis le début de l'épidémie de Covid-19. Ces enquêtes permettent également d’étudier les déterminants de l’adhésion à la vaccination.

Les données d’adhésion à la vaccination en général sont publiées dans le Bulletin vaccination lors de la semaine européenne de la vaccination.

Pour l'adhésion à la vaccination contre la Covid-19 et aux rappels vaccinaux, les résultats des enquêtes successives sont publiés ici.

Des enquêtes sont également conduites dans des populations spécifiques telles que les professionnels de santé ou des populations défavorisées ou sur des questions plus particulières telles que la position vis-à-vis de l’obligation vaccinale.

Quelques exemples :

  • Vaux S, Gautier A, Nassany O, Bonmarin I. Vaccination acceptability in the French general population and related determinants, 2000-2021. Vaccine. 2023 ; 41(42) : 6281-90 
  • Haidar S, Richard E, Vaux S, Allaire C, Castor C, Levy Bruhl D, Mondeilh Aude, Vandentorren S. Factors associated with vaccine adherence among an underserved population: the adult Travellers in Nouvelle-Aquitaine, France. European Journal of Public Health, 34(1), February 2024, p 163-169. 
  • Vaux S, Fonteneau L, Péfau M, Venier AG, Gautier A, Altrach SS, et al. Acceptability of mandatory vaccination against influenza, measles, pertussis and varicella by workers in healthcare facilities: a national cross-sectional study, France, 2019. Archives of Public Health. 2023;81(1).

Etudes d’efficacité vaccinale

Afin d’évaluer l’efficacité de vaccins ou plus généralement de traitement préventif, Santé publique France conduit également des études d’efficacité en vie réelle soit grâce aux données collectées dans des bases de données administratives ou le croisement de grandes bases de données ou dans le cadre d’études spécifiques.

A titre d’exemple des études de ce type ont ainsi été conduites pour les vaccins contre la Covid-19 ou un traitement préventif des infections à VRS (nirsevimab).

Quelques exemples :

  • Tamandjou Tchuem CR, Auvigne V, Vaux S, Montagnat C, Paireau J, Monnier Besnard S, et al. Vaccine effectiveness and duration of protection of COVID-19 mRNA vaccines against Delta and Omicron BA.1 symptomatic and severe COVID-19 outcomes in adults aged 50 years and over in France. Vaccine. 2023;41(13):2280-8. 
  • Tamandjou C, Auvigne V, Schaeffer J, Vaux S, Parent du Châtelet I. Effectiveness of second booster compared to first booster and protection conferred by previous SARS-CoV-2 infection against symptomatic Omicron BA.2 and BA.4/5 in France. Vaccine. 2023;41(17):2754-60. 
  • Auvigne V, Tamandjou C, Schaeffer J, Vaux S, Parent du Châtelet I. Protection against symptomatic SARS-CoV-2 infection conferred by the Pfizer-BioNTech Original/BA.4-5 bivalent vaccine compared to the mRNA Original monovalent vaccines – A matched cohort study in France. Vaccine, 2023, ISSN 0264-410X, 
  • Paireau J, Durand C, Raimbault S, Cazaubon J, Mortamet G, Viriot D, Milési C, Daudens-Vaysse E, Ploin D, Tessier S, Vanel N, Chappert JL, Levieux K, Ollivier R, Daoudi J, Coignard B, Leteurtre S, Parent-Du-Châtelet I, Vaux S. Nirsevimab effectiveness against cases of respiratory syncytial virus bronchiolitis hospitalised in pediatric intensive care units in France, September 2023 - January 2024. https://hal.science/pasteur-04501286v1 Accessed May 5, 2024

Etudes de l'impact de la vaccination

Santé publique France conduit également des études d’impact visant à estimer les nombres de cas évités grâce à un vaccin ou à un traitement préventif. A titre d’exemple des enquêtes de ce type ont pu être conduites souvent avec des équipes de modélisateurs.

Quelques exemples :