Les vaccins contre les papillomavirus induisent chez les adolescentes et les jeunes femmes des anticorps spécifiques de chacun des types viraux. Les données immunologiques, avec un recul d’au moins cinq ans, montrent un titre des anticorps sériques supérieur à celui observé après infection naturelle guérie.
Gardasil® : il n’est plus commercialisé en France depuis le 30 décembre 2020
Cervarix®
À partir d’une étude pivot ayant inclus plus de 18000 femmes âgées de 15 à 25 ans sur un suivi moyen de trente-neuf mois, l’efficacité de Cervarix® dans la prévention des lésions cervicales de haut grade (HSIL) associées à l’infection par les HPV 16 et 18 était de 92,9% (IC 95% : 79,9-98,3), de 95,7% (IC 95% : 82,9-99,6) pour HPV 16, de 86,7% (IC 95% : 39,7-98,7) pour HPV 18, dans la cohorte ATP (absence d’anticorps anti-HPV 16 ou 18, test ADN négatif vis-à-vis de HPV 16 ou 18, ayant une cytologie normale ou de bas grade (ASC-US ou LSIL) à l’inclusion et ayant reçu trois doses de vaccin).
Sur la base d’une analyse post-hoc d’attribution des types de HPV (exclusion des cas, dans le groupe vaccin comme dans le groupe contrôle, qui n’ont pas été considérés comme étant imputables à des infections par HPV 16 ou HPV 18 acquises au cours de l’étude), il y a eu 1 cas de HSIL ou d’AIS dans le groupe vaccin contre 53 cas dans le groupe contrôle [Efficacité 98,1% (IC à 96,1% : 88,4-100)] et aucun cas de HSIL ou d’AIS dans le groupe vaccin contre 8 cas dans le groupe contrôle [efficacité 100% (IC à 96,1% : 36,4-100)].
À noter qu’il a été observé, pour les deux vaccins, une protection croisée vis-à-vis de certains autres types de HPV oncogènes que les HPV 16 et 18.
Gardasil 9®
Le Gardasil 9® a montré une efficacité immunologique non inférieure au vaccin Gardasil® pour les génotypes 6,11, 16 et 18 en prévention des infections persistantes, des condylomes et des lésions intra-épithéliales de tout grade.
Concernant la prévention des lésions malpighiennes intraépithéliales de haut grade dues aux génotypes additionnels (HPV 31, 33, 45, 52, 58), l’efficacité du Gardasil 9® sur un total de 7000 patientes âgées de 16 à 26 ans était de 97,1% trois ans et demi après la 3e dose.
En matière d’efficacité, si ces vaccins n’ont pas encore démontré leur efficacité sur l’incidence des cancers en raison de leur mise sur le marché relativement récente, leur efficacité sur les anomalies cervicales de haut grade est établie.
En 2019, une mise à jour de revue systématique a inclus 65 articles couvrant 60 millions de personnes suivies jusqu’à 8 ans après la vaccination. Elle confirme l’impact du vaccin contre le HPV sur les infections à HPV 16/18 (baisse de 83% chez les jeunes femmes de 13-19 ans et de 66% chez les 20-24 ans), sur les dysplasies (baisse de 31% à 51% selon le groupe d’âge) chez les filles et les femmes, ainsi que sur les diagnostics de condylomes chez les filles et les femmes (baisse de 31% à 67% selon le groupe d’âge) et chez les garçons et les hommes (baisse de 32% à 48 % selon le groupe d’âge).
Evolution de l’incidence du cancer du col dans certains pays vaccinant contre le HPV
Pourquoi l’incidence du cancer du col de l’utérus augmente dans certains pays vaccinant contre le HPV ?
En Angleterre, Japon, Suède, Norvège, Australie, pays ayant mis en place des programmes de vaccination, l’incidence du cancer du col de l’utérus augmente chez les femmes âgées de moins de 50 ans. Les données disponibles ne montrent pas de lien entre la vaccination et ces augmentations d’incidence mais plaident surtout en faveur de la nécessité de promouvoir la vaccination pour les filles dans un contexte d’augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus. Les données d'efficacité et d'impact des vaccins HPV à partir des données en vie réelle, sont présentées ici.
Les premières années concernées par des augmentations d’incidence de cancer du col de l’utérus dans ces pays se situent au tout début des années 2000, en amont de l’introduction des vaccins contre les infections à HPV. De plus, les données d’incidence disponibles sont au mieux celles des années 2014-15 avec des tendances marquées chez les femmes à partir de 25 ans qui n’ont pas été vaccinées dans leur très grande majorité, ou alors après 17 ans, en rattrapage (soit potentiellement après une infection par HPV).
Les causes de l’évolution de l’incidence du cancer du col de l’utérus peuvent être multiples : évolution du taux de participation et des modalités de dépistage du cancer du col de l’utérus, évolution des comportements sexuels (âge des premiers rapports sexuels, nombre de partenaires, type de pratique sexuelle) avec pour conséquence une augmentation de l’exposition aux HPV.
Angleterre
En Angleterre, une augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus a été observée dès le début des années 2000, avant l’introduction des vaccins HPV en 2008, chez les femmes âgées de 25 à 35 ans. Une augmentation a également été observée chez les femmes âgées de 20 à 24 ans. Toutefois cette dernière augmentation a été mise en relation avec les changements dans la stratégie de dépistage avec l’abaissement de l’âge de la première invitation au dépistage de 25 ans à 24,5 ans. Les données publiées montrent l’absence d’augmentation de l’incidence du cancer du col de l’utérus pour les femmes de moins de 24,5 ans.
=> Données d’incidence en Angleterre
Japon
Au Japon, l’incidence du cancer du col de l’utérus est en augmentation depuis la fin des années 1990 chez les femmes âgées de 20 à 49 ans, avant l’arrivée des vaccins HPV (commercialisés à partir de 2009 et intégrés dans le calendrier vaccinal en 2013). Cette augmentation serait en relation avec un changement dans les comportements sexuels ayant entrainé une augmentation des infections HPV chez les femmes âgées de moins de 50 ans.
=> Données d’incidence au Japon
Suède
En Suède, une augmentation de l’incidence du cancer du col a été observée à partir du début des années 2000 chez les femmes âgées de 20 à 39 ans. Les jeunes femmes âgées de 20-24 ans en 2014 ont été peu vaccinées et surtout en rattrapage : au 31/12/2011, la couverture vaccinale de cette cohorte née entre 1990 et 1994 était estimée entre 13% et 34% selon l’année de naissance. Les femmes vaccinées dans le cadre du programme organisé de vaccination scolaire, mis en place en Suède en 2012 pour les filles âgées de 10-12 ans, entreront dans le dépistage à partir de 2023.
=> Données d’incidence en Suède
Norvège
En Norvège, il a été observé une augmentation des lésions précancéreuses chez les femmes de 25-69 ans entre 1992 et 2016. Cette augmentation serait liée à une combinaison de facteurs : changement dans les techniques de dépistage (introduction de la cytologie en milieu liquide) et modification des comportements sexuels. Aucune de ces femmes n’a été concernée par la vaccination qui a été introduite en 2009 pour les filles âgées de 12 ans. Les premières cohortes de femmes vaccinées à 12 ans entreront dans le programme de dépistage du cancer du col de l’utérus en 2022.
=> Données d’incidence en Norvège
Australie
En Australie, une augmentation de l’incidence des cancers du col de l’utérus a été observée depuis le milieu des années 2000 chez les femmes âgées de 25 à 44 ans. En revanche l’analyse des données sur la période 2007-2014 ne montre pas d’augmentation d’incidence du cancer du col chez les femmes de 20 à 24 ans dont certaines ont pu être vaccinées (essentiellement en rattrapage). Les premières cohortes de femmes vaccinées à 12-13 ans en 2007 entreront dans le programme de dépistage du cancer du col de l’utérus en 2019/20.
=> Données d’incidence en Australie
En tout état de cause, les nombres de cancer et les tendances rapportés chez les femmes âgées de moins 25 ans sont à interpréter avec une grande prudence compte-tenu du très faible nombre de cas dans cette classe d’âge et du délai entre l’infection et le cancer (le plus souvent au-moins 10 ans, rarement inférieur à 8 ans). Un cancer diagnostiqué en 2015 est donc très vraisemblablement lié à une infection antérieure à 2007, année des premières introductions des vaccins HPV chez les adolescentes dans le monde. Les cancers diagnostiqués jusqu’en 2015 ne pouvaient donc, dans leur très grande majorité, être évités par la vaccination, y compris chez les femmes vaccinées à partir de 2007. L’impact de la vaccination sera visible dans les prochaines années lorsque les premières jeunes femmes vaccinées entreront dans les programmes de dépistage du cancer du col de l’utérus.