Histoire d'une polémique : vaccination et mort inattendue du nourrisson

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La mort inattendue du nourrisson (MIN) représente la première cause de mortalité pendant la période allant du 27e jour à l’âge de 1 an (environ 300 décès par an en France). Elle survient plus fréquemment chez les garçons, et un pic d’incidence a lieu entre 2 et 4 mois – un âge où le nouveau-né reçoit ses premières vaccinations.

Le questionnement sur un éventuel lien de causalité entre administration des vaccins et survenue d’une MIN a émergé dans les années 1970 suite à l’introduction, en 1966, du premier vaccin tétravalent (diphtérie, tétanos, poliomyélite et coqueluche) – le Tetracoq®. En effet, l’introduction du vaccin a coïncidé avec une période d’augmentation rapide du nombre de décès par MIN entre 1975 et 1980.

Cependant, association temporelle n’est pas causalité. De nombreux travaux ont montré par la suite que la forte augmentation du nombre de cas de MIN à partir des années 1970 était en fait à mettre en lien avec l’adoption, à cette époque, de la position ventrale pour coucher les bébés, reconnue ultérieurement comme facteur de risque majeur de MIN. En outre, un certain nombre de MIN survient avant l’âge de 2 mois et avant toute vaccination.

Enfin, une diminution très importante du nombre de MIN a été observée dans les années 1990 suite aux campagnes de prévention préconisant le couchage sur le dos et de meilleures literies.

Une méta-analyse s’appuyant sur plusieurs études cas-témoins a été menée pour répondre à la question de l’existence d’un éventuel lien de causalité entre vaccination et mort inattendue du nourrisson. Aucun lien de causalité entre vaccination et MIN n’a été démontré dans cette méta-analyse, la vaccination pourrait, au contraire, avoir un effet protecteur avec un OR multivarié de 0,54 (IC 95% ; 0,39-0,76).

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer un tel résultat :

  • la contribution de la coqueluche à la mort inattendue du nourrisson voire un effet non spécifique de l’induction par la vaccination d’une immunité contre différents agents pathogènes qui pourraient être impliqués dans la MIN ;
  • un biais d’indication qui pourrait également contribuer à cette protection : la MIN survient parfois dans un contexte infectieux. Or, les bébés qui ne sont pas en parfaite santé sont moins souvent vaccinés, les médecins préférant reporter la vaccination. Dans cette hypothèse, le moindre risque de MIN chez les nourrissons vaccinés traduirait le fait que la vaccination est plus un marqueur d’un meilleur état de santé qu’un facteur de protection.
En résumé

La vaccination n’est pas responsable de la mort inattendue du nourrisson ; au contraire, la vaccination pourrait avoir un effet protecteur vis-à-vis de celle-ci.

Pour rappel, les facteurs de risque reconnus de MIN sont la position de sommeil en décubitus ventral, l’utilisation de couette et couverture, le tabagisme parental, une température élevée dans la chambre et le partage de lit.

À savoir
Depuis 2007, la HAS fait un usage légèrement différent de la terminologie. MIN (mort inattendue du nourrisson) désigne toute mort inattendue chez un nourrisson de moins de 2 ans. On utilise le terme mort subite du nourrisson (MSN) si, après autopsie, examens toxicologiques et examens radiologiques, la mort reste inexpliquée. On utilise ce terme pour distinguer ces cas de ceux où une cause est retrouvée grâce aux examens (maltraitance par exemple).

Bibliographie