Chikungunya

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Mis à jour le

Depuis le 23 août 2024, plusieurs milliers de cas de chikungunya ont été recensés sur l’île de la Réunion. L’épidémie s’accélère progressivement depuis début 2025 et concerne l’ensemble de l’île.

La HAS a rendu un avis le 5 mars 2025 sur  « Épidémie de chikungunya : quelle stratégie vaccinale à La Réunion et à Mayotte ? ». Elle y recommande de vacciner avec le vaccin IXCHIQ®, en priorité les personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles présentant des comorbidités, puis les adultes de 18 ans et plus présentant des comorbidités ainsi que les agents de la lutte antivectorielle.

Dans le cadre de la campagne de vaccination à la Réunion qui a débuté le 7 avril 2025, le vaccin est pris en charge par l’ARS. Il est donc gratuit pour les personnes ciblées par la campagne :  les personnes de 65 ans et plus et les adultes de 18 ans et plus présentant des comorbidités. 

Le chikungunya est une maladie infectieuse due à un arbovirus : le virus du chikungunya (CHIKV). Le CHIKV est un virus à ARN, enveloppé, simple brin, appartenant au genre Alphavirus de la famille des Togaviridae. Il existe trois génotypes différents du CHIKV, qui contrairement au virus de la dengue, appartiennent tous au même sérotype. Ils sont distingués sur la base de leur origine géographique : Afrique de l’Ouest (WA), Afrique de l’Est, Centrale et du Sud (ECSA) qui comprend le sous-lignage de l’Océan Indien (IOL), et Asie. Le virus du chikungunya a été identifié pour la première fois en République-Unie de Tanzanie en 1952, puis dans d'autres pays d'Afrique et d'Asie.

Transmission

Le CHIKV est transmis à l’être humain (principal réservoir) par piqûre de moustiques diurnes du genre Aedes, A. aegypti et A. albopictus (moustique tigre), lesquels sont également vecteurs du virus de la dengue, de la fièvre jaune et du zika. La transmission vectorielle est la principale voie de transmission interhumaine de l’infection. Une transmission marginale est possible par accident d’exposition au sang ou par une transmission verticale de la mère à l’enfant.

Les moustiques Aedes se développent majoritairement en zone urbaine et se déplacent peu au cours de leur vie. Les femelles pondent leurs œufs dans des gîtes où la présence d’eau stagnante est nécessaire au développement larvaire : vases, soucoupes, pneus usagés, gouttières mal vidées, déchets divers contenant de l’eau stagnante, mais aussi creux d’arbres, certaines plantes susceptibles de former une rétention d’eau (bambous, etc.). Les gîtes de nature anthropique, c'est-à-dire créés par l’Homme, sont les principaux lieux de ponte de ces moustiques.

Les piqûres d’Aedes interviennent essentiellement pendant la journée, avec un pic d’agressivité au lever du jour et au crépuscule. Lors d’une piqûre d’une personne infectée en phase virémique, le moustique prélève le virus dans le sang de cette personne. Le virus se multiplie ensuite dans le moustique pendant une durée de 10 jours environ, appelée phase extrinsèque. A l’issue de cette phase extrinsèque, ce moustique peut, à l’occasion d’une autre piqûre, transmettre le virus et infecter une nouvelle personne. 
Pour le chikungunya, la phase virémique commence 1 à 2 jours environ avant le début des signes cliniques et dure jusqu’à 7 jours après.  

La transmission par les produits d’origine humaine 

Le virus peut, de manière plus rare, être transmis par la transfusion ou la greffe (d’organes, de tissus ou de cellules).  

Les autres modes de transmission 

Quelques cas de transmission maternofoetale (2e trimestre de grossesse) et périnatale ont été documentés.

Le vaccin contre Chikungunya

Epidémiologie

Le chikungunya est principalement présent dans les pays tropicaux, comme l’Amérique du sud et centrale et la Caraïbe, les îles de l'océan Indien, l'Afrique, l'Inde ou l'Asie du Sud-Est. Des foyers, de 12 et 17 cas, ont aussi été identifiés en France hexagonale (2014 et 2017) et 2 épidémies de quelques centaines de cas sont survenues en Italie en 2007 et 2027. Selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), les risques de transmission de maladies par le moustique Aedes albopictus sont de plus en plus élevés en France métropolitaine.

Sur le territoire français, Aedes aegypti est présent aux Antilles, en Guyane et à Mayotte et Aedes albopictus sur l’île de la Réunion et dans la majorité des départements métropolitains. Les départements-régions d’outre-mer portent l’essentiel du fardeau du CHIK en France. Une épidémie de grande ampleur était survenue à La Réunion en 2005 – 2007, impactant également, dans une moindre mesure, le territoire de Mayotte en 2005 – 2006. Aux Antilles, une épidémie de CHIK était survenue en 2013 – 2015 touchant environ 40 % de la population en Guadeloupe et en Martinique.

La Réunion est actuellement en situation épidémique de CHIK avec une comptabilisation de plus de 2000 cas autochtones de CHIK, depuis le 23 août 2024.

Chaque année des cas importés sont identifiés en France hexagonale, dont le nombre est dépendant de l’épidémiologie mondiale et ,notamment dans les DOM.

C’est une maladie à déclaration obligatoire.

Symptômes

Dans environ 10 à 40 % des cas, le chikungunya est asymptomatique (pourcentage variable selon les épidémies). 

Pour les 60% à 90% de personnes présentant des symptômes, l’incubation dure de 3 à 7 jours en moyenne (jusqu’à 1 à 12 jours). Les symptômes sont classiquement :

  • Une fièvre élevée d’apparition brutale
  • Arthralgies pouvant être intenses, touchant principalement les petites articulations des extrémités (poignets, chevilles, phalanges) 
  • Myalgies
  • Des maux de tête 
  • Une éruption cutanée maculopapuleuse

L’évolution est le plus souvent favorable au bout d’une dizaine de jours, sans séquelle, mais le chikungunya peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes. Celles-ci peuvent survenir chez 30 à 40% des patients et durer plusieurs mois voire années chez quelques patients. L’arthralgie chronique est le symptôme le plus fréquemment rapporté dans ces formes prolongées.

Les cas sévères ou mortels de chikungunya sont rares, et sont généralement associés à l’existence d’autres pathologies (facteurs de risque : âge de plus de 65 ans, comorbidités, arthralgies préexistantes).

Le chikungunya peut affecter les personnes de tous âges. L’incidence de la maladie symptomatique et sa sévérité, ainsi que le taux de mortalité augmentent avec l’âge. Plus de la moitié des cas graves concernaient des patients âgés de 65 ans.

Les formes graves touchent préférentiellement les personnes à des âges extrêmes : nouveau-nés par transmission materno-fœtale et/ou per-partum et sujets âgés de 65 ans et plus. Les comorbidités telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires et les maladies neurovasculaires sont des facteurs de risque de sévérité et/ou de surmortalité liés à la maladie.

Diagnostic

Le diagnostic de l’infection par le virus chikungunya est réalisé par des techniques qui peuvent être directes (détection du virus par culture ou de son génome par PCR) ou indirectes (détection d’anticorps par sérologie).   

La démarche diagnostique, recommandée dans le plan ministériel « Anti-dissémination du chikungunya et de la dengue en métropole », est la suivante : 

  • Jusqu’à 5 jours après le début des signes (J5) : RT-PCR  
  • Entre J5 et J7 : RT-PCR et sérologie 
  • Après J7 : sérologie uniquement (IgG et IgM) avec un second prélèvement de confirmation au plus tôt 10 jours après le premier prélèvement 

Ainsi, il est primordial d’identifier avec précision la date de début des signes (DDS) afin de choisir les analyses à réaliser. 
Les tests précoces (jusqu’à J7) par RT-PCR doivent être privilégiés du fait de leur spécificité supérieure à la sérologie. Les IgM peuvent être identifiées à partir du cinquième jour après l’apparition des signes cliniques et persistent en moyenne 2 à 3 mois. Les IgG apparaissent quelques jours après les IgM et persistent toute la vie. 

Des IgM isolées doivent impérativement conduire à un 2nd prélèvement pour confirmation, au minimum 10 jours après le premier. Le diagnostic de chikungunya sera confirmé en cas d’apparition d’IgG dans le second échantillon, ou devant un titre croissant d’IgG (en principe, au moins 4 fois plus élevé que sur le premier prélèvement sanguin). 

À La Réunion, chez les patients suspectés d’être infectés (signes cliniques tels que fièvre ≥ 38,5°C associée ou non à des céphalées, des douleurs musculaires et/ou articulaires, des nausées/vomissements et un rash cutané en l’absence de tout autre point d’appel infectieux), la RT-PCR doit être effectuée le plus rapidement possible après l’apparition des symptômes. Dans le cas où une RT-PCR n’est pas pertinente (> J7) et qu’une sérologie est réalisée, celle-ci doit nécessairement être répétée à J14 de la date de début des symptômes.

Prévention 

Au niveau local, la prévention repose essentiellement sur l’élimination des déchets et eaux stagnantes ou la prévention des piqûres de moustiques (vêtements longs, répulsifs, moustiquaires). Des mesures de de démoustication autour de l’ensemble des cas peuvent être déployées par le service de lutte antivectorielle de l’ARS.

Depuis novembre 2024, un vaccin contre le chikungunya est désormais disponible en France, dans les centres de vaccinations internationales. 

Le vaccin IXCHIQ® a obtenu une AMM européenne le 28 juin 2024 pour l’immunisation active pour la prévention de la maladie causée par le CHIKV chez les personnes âgées de 18 ans et plus. L’utilisation de ce vaccin doit être conforme aux recommandations officielles.

Il est administré par voie musculaire en une seule dose. La nécessité d’une revaccination n’a pas été établie.

Ce vaccin étant un vaccin vivant atténué, il est de fait contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées. La possibilité de vaccination durant la grossesse doit être évaluée au cas par cas avec votre professionnel de santé. 

La HAS a rendu un avis le 5 mars 2025 « Épidémie de chikungunya : quelle stratégie vaccinale à La Réunion et à Mayotte ? ». Elle y recommande de vacciner avec le vaccin IXCHIQ®,en priorité les personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles présentant des comorbidités, puis les adultes de 18 ans et plus présentant des comorbidités ainsi que les agents de la lutte antivectorielle. En l’absence de cas notifié à date de l’avis à Mayotte, la HAS a préconisé d’appliquer cette stratégie d’abord à La Réunion.

Dans le cadre de la campagne de vaccination à la Réunion qui a débuté le 7 avril 2025, le vaccin est pris en charge par l’ARS. Il est donc gratuit pour les personnes ciblées par la campagne : les personnes de 65 ans et plus et les adultes de 18 ans et plus présentant des comorbidités.

Pour le moment, dans l’attente de la décision du Ministère de la Santé sur la stratégie de lutte contre le chikungunya, ce vaccin n'est pas remboursé par l'Assurance Maladie.

Même si vous êtes vaccinés contre le chikungunya, il est conseillé de continuer à se protéger contre les piqûres de moustiques, surtout dans les zones où les moustiques tigres circulent. Ces moustiques pouvant également transmettre la dengue ou le Zika, utilisez des répulsifs, portez des vêtements couvrants et installez des moustiquaires.

Après vaccination, les anticorps protecteurs contre le chikungunya sont produits dans 99% des cas, environ un mois après l’injection. Des études ont montré que les anticorps pouvaient persister jusqu’à 3 ans chez les personnes vaccinées.

Comme pour tout vaccin, une protection immunitaire ne peut pas être garantie chez toutes les personnes après la vaccination. Il est donc recommandé de continuer à prendre des mesures de protection contre les piqûres de moustiques après la vaccination. Cette vaccination ne protège pas contre les autres maladies transmises par les moustiques

Nom commercial*

Ixchiq®

Maladies
concernées

Chikungunya

Type de vaccin Monovalent
Pour qui ? Adultes
Remboursement** Pris en charge par l'ARS Réunion dans le cadre de la campagne de vaccination à la Réunion
Nom
commercial*
Maladies
concernées
Type
de vaccin
Pour qui ? Remboursement

Ixchiq®

Chikungunya

Monovalent Adultes Pris en charge par l'ARS Réunion dans le cadre de la campagne de vaccination à la Réunion

Le vaccin n'est pas pris en charge par l'Assurance Maladie pour le moment.

Le vaccin IXCHIQ® est contre-indiqué chez les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées (en raison d’un traitement médical ou d’une maladie) et chez les personnes présentant une hypersensibilité à la substance active ou à l’un de ces excipients.

Ce vaccin étant un vaccin vivant atténué, il est de fait contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées.

La possibilité de vaccination durant la grossesse doit être évaluée au cas par cas. Il convient de se référer à la notice de ce vaccin, disponible sur le site de la base de données publique des médicaments pour connaître l’ensemble des contre-indications.

Les réactions les plus fréquentes au site d’injection étaient : sensibilité au toucher (10,8 %) et douleur (6,1 %). Les effets indésirables systémiques les plus fréquents étaient : céphalées (32 %), fatigue (29,4 %), myalgie (23,7 %), arthralgie (16,6 %), fièvre (13,8 %) et nausées (11,4 %).

Les effets indésirables combinés qualifiés comme étant des effets indésirables semblables au chikungunya ont été signalés chez 12,1 % des participants. Parmi ces derniers, la combinaison d’une fièvre avec céphalée, fatigue, myalgie ou arthralgie était la plus fréquente, tous les autres symptômes étant signalés dans moins de 10 % des effets indésirables semblables au chikungunya. Les symptômes signalés étaient généralement légers, avec 1,8 % des participants ayant signalé au moins un symptôme grave, le plus souvent de la fièvre ou une arthralgie. Le délai médian d’apparition de effets indésirables semblables au chikungunya était de 3 jours après la vaccination et le délai médian de résolution était de 4 jours. Des symptômes de plus longue durée ≥ 30 jours sont survenus chez 0,4 % des participants.

Il a été démontré que le virus vaccinal était présent dans le sang et l'urine et qu'il pouvait être présent dans d'autres fluides corporels. La virémie et l’excrétion du vaccin suivant la vaccination avec IXCHIQ® ont été évaluées lors d’un essai clinique : une virémie a été détectée chez 90 % des sujets 3 jours après la vaccination. La proportion de personnes chez lesquelles le virus était détectable a chuté à 17 %, 7 jours après l’administration d’IXCHIQ®, et aucune virémie vaccinale n’a été détectée 15 jours après la vaccination. Un seul participant a excrété le virus vaccinal dans ses urines 7 jours après la vaccination.

Il convient de se référer à la notice de ce vaccin, disponible sur le site de la base de données publique des médicaments pour connaître l’ensemble des effets indésirables.

Cette vaccination est proposée dans les centres de vaccinations internationales. Dans ce cas, la prescription, la délivrance du vaccin et la vaccination s’effectuent sur place.

La vaccination contre le chikungunya peut également être prescrite et réalisée par un médecin de ville. Il est administré par voie musculaire en une seule dose.

La vaccination doit ensuite être reportée dans le carnet de vaccination, et le carnet de vaccination électronique inclus dans l’espace numérique en santé « Mon espace santé ».

Conservation du vaccin 

Le vaccin doit être conservé dans l’emballage d’origine à l’abri de la lumière.

Les données de stabilité indiquent que les composants du vaccin sont stables pendant 24 heures dans un flacon non ouvert lorsqu’ils sont conservés à des températures allant de 23 °C à 27 °C. À la fin de ce délai, IXCHIQ® doit être utilisé immédiatement ou jeté.

Le vaccin doit être conservé au réfrigérateur entre + 2° C et + 8° C. Il ne doit pas être congelé.

La stabilité en cours d’utilisation du vaccin reconstitué a été démontrée pendant 2 heures lorsqu’il est conservé au réfrigérateur (2 °C – 8 °C) ou à température ambiante (15 °C à 25 °C). Passé ce délai, le vaccin reconstitué doit être jeté.

Après la première ouverture, le vaccin doit être utilisé immédiatement.

Prise en charge du vaccin 

Cette vaccination n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie pour le moment. Dans le cadre de la campagne de vaccination qui a débuté le 7 avril 2025, le vaccin est pris en charge par l'ARS Réunion pour les personnes ciblées. 

Vaccination et don du sang

La virémie vaccinale a été détectée chez 90 % des sujets 3 jours après la vaccination. La proportion de personnes vaccinées chez lesquelles le virus était détectable a chuté à 17 %, 7 jours après l’administration d’IXCHIQ, et aucune virémie vaccinale n’a été détectée 15 jours après la vaccination.

Les personnes ayant reçu IXCHIQ® pourront donner leur sang en attendant au moins 4 semaines après la vaccination.