Clinique
La durée d’incubation est le plus souvent de sept à quatorze jours, mais peut varier de trois jours à un mois.
Après ingestion, les salmonelles franchissent la muqueuse digestive et se multiplient dans les macrophages des ganglions lymphatiques mésentériques avant d’essaimer dans le sang.
La présentation clinique de la fièvre typhoïde est extrêmement variable.
L’évolution naturelle de la maladie est classiquement décrite en trois « septénaires » (= semaines) : invasion, état et complications endotoxiniques.
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La phase d’invasion se traduit par une fièvre d’allure isolée progressive croissante, des céphalées frontales, fixes, insomniantes, une sensation de malaise avec myalgie et parfois une toux sèche.
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Elle est suivie par une phase d’état, avec fièvre élevée en plateau autour de 40°C, souvent associée à une grosse rate et à des signes de souffrance viscérale :
- digestifs à type de douleurs abdominales, vomissements, ballonnements, diarrhées (surtout chez l’enfant) ou plus souvent constipation (principalement chez l’adulte) ;
- neurologiques : tuphos (prostration) ;
- cutanéo-muqueux, à type de lésions maculo-papuleuses (tâches rosées) du tronc et des membres.
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Des complications peuvent secondairement survenir chez environ 10% des patients : elles se manifestent sous forme d’hémorragies, de perforations digestives, d’abcès hépatiques ou spléniques, d’une myocardite ou d’une péricardite, d’une encéphalite, d’une coagulation intravasculaire disséminée, d’un syndrome d’activation macrophagique, ou d’une atteinte pleuro-pulmonaire.
Le diagnostic est confirmé par la mise en évidence de la salmonelle dans les hémocultures, l’ECBU, ou la coproculture. La sérologie n’a aucune place dans le diagnostic de la fièvre typhoïde et ne doit donc pas être réalisée.
La fièvre typhoïde est une maladie à déclaration obligatoire (DO).
Épidémiologie/couverture vaccinale
La fièvre typhoïde est endémique dans les pays en développement à faible niveau d’hygiène (Asie, Afrique, Amérique du Sud).
En France, la maladie est rare et la majorité des cas (83%) est importée après un séjour en zone d’endémie.
En 2016 et 2017, 230 cas confirmés de fièvre typhoïde ont été déclarés en France aux autorités de santé par déclaration obligatoire, dont 154 (67%) parmi des résidents de France métropolitaine (la majorité des cas chez des voyageurs contaminés lors d’un séjour en pays d’endémie), 60 (26%) parmi des résidents de Mayotte et 11 (5%) parmi des résidents de Guyane.
L'incidence de la fièvre typhoïde en France métropolitaine est assez stable depuis 1999. En 2017, elle était de 2,1 cas par million d’habitants.
La classe d’âge des 5-44 ans est la plus touchée.
Cinq épidémies de fièvre typhoïde liées à la consommation d’aliments contaminés lors de leur préparation par des manipulateurs de denrées, excréteurs de S. Typhi ont été rapportées en France métropolitaine : dans les Alpes-Maritimes en 1997, en Ile-de-France en 1998, 2003 et 2006, dans le Nord et en Bretagne en 2009. Ces épidémies rappellent l’importance de l’application des bonnes pratiques d’hygiène dans les établissements de restauration et la nécessité que le personnel soit formé à ces bonnes pratiques.