Chez le nourrisson : la bronchiolite
Clinique
Symptômes
L’infection à VRS commence par une rhinite simple, qui évolue bien dans la plupart des cas.
Le virus provoque une inflammation des parois des bronchioles et une augmentation des sécrétions responsables d’un phénomène d’obstruction.
Chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans, la toux peut devenir plus fréquente avec apparition d’une gêne respiratoire qui se traduit par une respiration rapide et sifflante : la bronchiolite. A ce stade de la maladie, l'enfant peut avoir des difficultés à s'alimenter et à dormir. Il peut avoir de la fièvre. Des pauses respiratoires sont possibles.
Dans la majorité des cas, la bronchiolite guérit spontanément au bout de 5 à 10 jours mais la toux peut persister pendant 2 à 4 semaines.
La Haute Autorité de santé a défini en 2019 une grille d’évaluation, avec des critères de gravité clinique (fréquences respiratoire et cardiaque ou troubles de l’alimentation par exemple) et des critères de vulnérabilité (prématurité, comorbidités, tabagisme de l’entourage, ..), qui peuvent conduire à l’hospitalisation.
Les bébés de moins de deux mois ou les nourrissons très fragiles (nourrissons nés prématurément ou souffrant d'une maladie chronique) requièrent une surveillance attentive et doivent en général être hospitalisés.
L’évolution vers une pneumonie, ou une otite sont également possibles.
Diagnostic
Le diagnostic de bronchiolite est clinique, et ne nécessite pas d’examen complémentaire. Cependant en milieu hospitalier le VRS peut être recherché par PCR ou par un test antigénique de diagnostic rapide.
Prévention
Elle repose sur l’application des mesures générales pour éviter la diffusion du virus et des autres virus de l’hiver, sur la vaccination des femmes enceintes pour protéger les nouveau-nés après la naissance, et/ou l’administration aux nouveau nés d’anticorps monoclonaux dirigés contre le VRS.
Epidémiologie
La bronchiolite se manifeste le plus fréquemment lors d’épidémies saisonnières.
Elle est majoritairement due au VRS. Les autres agents causaux sont les virus parainfluenza, adénovirus...
Dans le monde entier, le VRS est responsable de 33 millions d’infections aigües des vois respiratoires inférieures chez l’enfant de moins de 5 ans, et de 26 000 à 101 000 décès par an.
En Europe, la bronchiolite à VRS est la première cause d’hospitalisation des nourrissons. La saison commence en moyenne au début du mois de décembre culmine au début du mois de février, et se poursuit jusqu’au début du mois d’avril, avec de grande variations selon les pays.
En France métropolitaine, la surveillance de la bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans repose sur les données de médecine ambulatoire (SOS Médecins), des services d’urgences (OSCOUR) dans le cadre de la Surveillance Syndromique SurSaUD, des services de réanimation pédiatrique du réseau PICURe (Pediatric Intensive Care Unit Registry), ainsi que sur les analyses virologiques hospitalières (réseau RENAL) et ambulatoires (Réseau Sentinelles) en lien avec le Centre National de Référence (CNR) des virus des infections respiratoires.
Au cours des saisons 2010-2020, l'épidémie débutait généralement en octobre, pour atteindre un pic en décembre et se termine à la fin de l'hiver. On estime que la bronchiolite touchait chaque hiver près de 30 % des nourrissons de moins de 2 ans, soit environ 480 000 cas par an. Chaque année 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an étaient hospitalisés pour une bronchiolite. Les épidémies de bronchiolite représentent la première cause d’hospitalisation en pédiatrie. Les décès imputables à la bronchiolite aiguë sont très rares (inférieurs à 1 %).
Depuis l’émergence de la Covid-19, les épidémies de bronchiolite ont été très perturbées, avec des débuts généralement plus précoces, une diminution des hospitalisations en 2020-2021, puis une augmentation en 2021-2022 et en 2022-2023. La part des infections à VRS a augmenté, mais les pratiques diagnostiques ont évolué, avec un recours plus fréquent au diagnostic du VRS dans le cadre de la détection de d’autre virus suite à l’émergence de la Covid-19.
En 2023-2024 une surveillance pilote des cas de bronchiolite (tous virus confondus) admis dans des services de réanimation pédiatrique a montré l’importance des infections dues au VRS dans cette population : il a été impliqué pour 73% des cas admis en réanimation (seul ou en coinfection) et était le seul pathogène identifié pour 63% des cas admis en réanimation. Les cas étaient majoritairement âgés de moins de 6 mois (79%) et 28% des cas avaient au moins une comorbidité identifiée ou étaient prématurés. Aucun décès n’a été signalé parmi les cas.
Infections respiratoires de l’adulte
En plus du fardeau pédiatrique de la maladie, le VRS est de plus en plus reconnu comme un agent pathogène important chez les personnes âgées, l’infection entraînant une augmentation des taux d’hospitalisation chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et une augmentation des taux de mortalité chez les personnes âgées fragiles qui se rapprochent des taux observés avec la grippe.
Clinique
Symptômes
Les signes initiaux sont identiques à ceux du nourrisson. Les manifestations sont en général moindres que chez l’enfant, et l’infection est en général sous-diagnostiquée.
Les manifestations sont très semblables à celles de la grippe.
La symptomatologie chez l’adulte varie du simple rhume à la pneumopathie qui peut se compliquer d’une détresse respiratoire aiguë. Il convient de distinguer les infections des voies respiratoires inférieures, touchant principalement la trachée, les bronches et le parenchyme pulmonaire, des infections des voies respiratoires supérieures constituées de la rhinopharyngite, l’otite moyenne aiguë, la sinusite et l’angine aiguë.
L’évolution vers une bronchiolite ou une pneumonie est possible d’autant plus que la personne est âgée ou souffre de comorbidités (pathologies cardio-vasculaires, immuno dépression).
L’infection peut aussi entraîner un syndrome de détresse respiratoire aiguë, des complications graves telles que l’exacerbation d’une maladie cardiopulmonaire sous-jacente ou une pneumopathie nécessitant une assistance respiratoire ; ces complications peuvent conduire au décès.
Diagnostic
La recherche antigénique rapide combinée des virus grippaux et/ou du VRS en réalisation conjointe avec celle du SARS-CoV-2 par des TROD ou celle du TROD VRS seule n’est pas recommandée actuellement à l’échelon individuel dans le diagnostic des infections respiratoires aiguës en ville. Seul le TROD SARS-CoV-2 est pris en charge.
En revanche, la HAS indique que la recherche rapide antigénique de ces virus par un TROD grippe/COVID ou grippe/COVID/VRS peut présenter un intérêt médical à l’échelon populationnel (impact de santé publique) qui justifierait une prise en charge par la collectivité du fait d’un bénéfice potentiel pour le système de santé, les soignants et les parents/patients en période hivernale.
Prévention
La prévention repose sur les mesures barrières, les mesures d’hygiène, et la vaccination des personnes à risque : femmes enceintes pour protéger leur nouveau-né, personnes à risque de comorbidité de 65 ans et plus, et personnes âgées de 75 ans et plus.
Épidémiologie des infections à VRS de l’adulte
Les études menées au Royaume-Uni et plus récemment aux États-Unis, mettaient en évidence l’importance du VRS comme cause de morbidité et mortalité chez les adultes âgés de 75 ans et plus, indépendamment de la présence de facteur de risque (6 fois plus d'hospitalisations et 15 fois plus de décès chez les 75 ans et plus, versus 65-74 ans sans facteur de risque).
Les personnes âgées de 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires chroniques (particulièrement une bronchopneumopathie chronique obstructive - BPCO) ou cardiaques chroniques (notamment une insuffisance cardiaque) sont à haut risque de complications. Ces comorbidités sont en effet susceptibles de s’aggraver lors d’une infection à VRS. Pour preuve, une comorbidité serait présente en France chez 78,6 % des patients hospitalisés pour une infection liée au VRS. Aux États-Unis, ce taux atteint 95,5 %, et la BPCO et l'insuffisance cardiaque représentent environ 70 % de ces comorbidités. La présence d'une comorbidité entre 65 ans et 74 ans multiplie par 9 le risque d'hospitalisation et par 6 le risque de décès.
Pendant la saison hivernale 2022-2023, le taux d’incidence des cas d’IRA dues au VRS vues en médecine de ville, tous âges confondus (dont 19 % étaient âgés de 65 ans et plus) au cours de la saison hivernale 2022-2023 était de 448 cas pour 100 000 habitants, soit une incidence annuelle des cas de 297 461. À titre de comparaison, au cours de la même saison hivernale :
- Le taux d’incidence des cas d’IRA dues à la Covid-19 vues en médecine de ville était de 938 cas/100 000 habitants ;
- Le taux d’incidence des cas d’IRA dues à la grippe et vues en médecine de ville était de 2 139 cas/100 000 habitants.
La part du VRS dans les IRA, comparativement aux autres virus respiratoires, est donc plus faible. Ainsi, pour la saison 2022-2023, la part du VRS a été estimée à 7,6 %, 31,4 % pour les virus grippaux, et 10,9 % pour le SARS-CoV-2. Durant la saison 2023-2024, les IRA dues au VRS représentaient 6,6 %, 21,4 % pour les virus grippaux, et 15 % pour le SARSCoV-2. Chez les personnes âgées de 60 ans et plus, le taux de positivité du VRS est de 5 % contre 23,7 % pour le SARS-CoV-2 et 15,1 % pour les virus grippaux.
Les données relatives aux IRA sont publiées régulièrement sur le site de Santé Publique France.