Bronchiolites et infections respiratoires dues aux virus respiratoires syncitiaux (VRS)

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Les virus respiratoires syncitiaux (VRS) occasionnent des épidémies d’infections respiratoires hivernales dont le retentissement peut être grave aux deux pôles de la vie : chez les très jeunes enfants et chez les personnes âgées.

En France, les épidémies de VRS surviennent généralement de la mi-octobre à la mi-février, avec un pic en décembre, et se poursuivent jusqu’au début du mois d’avril. Il existe de grandes variations entre les pays. Dans les régions tropicales et sous-tropicales, la plupart des épidémies surviennent pendant la saison des pluies.

Chez le nourrisson et l’enfant de moins de deux ans le VRS est responsable d’épidémies de bronchiolite. Des épidémies d'infection à VRS sous forme de maladie des voies respiratoires inférieures peuvent survenir dans les établissements accueillant des personnes âgées.

La prévention reposait jusqu’à très récemment uniquement sur les mesures d’hygiène et les mesures barrières, et, chez les nouveau-nés prématurés, sur l’injection d’anticorps monoclonaux. Un nouvel anticorps monoclonal, le Beyfortus®, destiné à protéger l’ensemble des nourrissons a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) fin 2023 et a été utilisé avec succès pendant l’hiver 2023-2024. Son utilisation est donc maintenant recommandée à l'ensemble des nouveau-nés.

Deux vaccins contre le VRS ont reçu récemment une AMM chez l’adulte, l’Abrysvo® et l’Arexvy®. La Haute autorité de santé a recommandé :

La Direction générale de la santé a recommandé le 27 août 2024 la vaccination par l’Abrysvo® des femmes enceintes d’âge gestationnel compris entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée entre les mois de septembre 2024 et de janvier 2025.

Le virus respiratoire syncitial est un virus à ARN qui appartient à la famille des Paramyxoviridae, et au genre Orthopneumovirus. On distingue parmi les virus circulants 2 sous-groupes (A et B), basés notamment sur leur variabilité antigénique, mais responsables des mêmes maladies. Le sous-type A est plus prévalent que le sous-type B.

Le VRS a été nommé ainsi, car il provoque au niveau des muqueuses respiratoires la fusion de cellules voisines entre elles, à l’origine de grands syncitia multinucléés (= cellules géantes contenant plusieurs noyaux).

Il se transmet par contact direct (embrasser une personne infectée), par voie aérienne (salive, éternuements, toux) et par contact indirect (surfaces, tétines, doudous, jouets) …Il est très contagieux.

Le VRS infecte les cellules des voies respiratoires humaines, en infectant les voies aériennes supérieures et moins souvent les voies inférieures.

Les VRS sont une cause répandue à l’échelle mondiale d’infection des voies respiratoires inférieures dans tous les groupes d’âge. Les symptômes des infections à VRS sont variables en fonction de l’âge et de l’état immunitaire des personnes touchées. Chez les nourrissons et les jeunes enfants, la première infection peut provoquer une bronchiolite sévère qui peut parfois être fatale. Chez les enfants plus âgés et les adultes sans comorbidités, les infections répétées des voies respiratoires supérieures sont courantes et peuvent donner des maladies symptomatiques des voies respiratoires supérieures. Chez les personnes âgées, notamment porteuses de comorbidités, des formes graves peuvent aussi être fatales.

La période d’incubation de l’infection au VRS est d’environ de 2 à 8 jours.

Une congestion nasale avec une toux légère et une fièvre modérée ou absente sont les signes les plus fréquents. L’infection peut se limiter à un simple rhume ou une rhinopharyngite. Dans les 2 à 3 jours, une infection respiratoire basse peut apparaitre avec toux, une augmentation des sécrétions qui peuvent conduire à une gêne respiratoire.

Le vaccin contre Bronchiolites et infections à VRS

Chez le nourrisson : la bronchiolite

Clinique

Symptômes

L’infection à VRS commence par une rhinite simple, qui évolue bien dans la plupart des cas.

Le virus provoque une inflammation des parois des bronchioles et une augmentation des sécrétions responsables d’un phénomène d’obstruction.

Chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans, la toux peut devenir plus fréquente avec apparition d’une gêne respiratoire qui se traduit par une respiration rapide et sifflante : la bronchiolite. A ce stade de la maladie, l'enfant peut avoir des difficultés à s'alimenter et à dormir. Il peut avoir de la fièvre. Des pauses respiratoires sont possibles.

Dans la majorité des cas, la bronchiolite guérit spontanément au bout de 5 à 10 jours mais la toux peut persister pendant 2 à 4 semaines.

La Haute Autorité de santé a défini en 2019 une grille d’évaluation, avec des critères de gravité clinique (fréquences respiratoire et cardiaque ou troubles de l’alimentation par exemple) et des critères de vulnérabilité (prématurité, comorbidités, tabagisme de l’entourage, ..), qui peuvent conduire à l’hospitalisation.

Les bébés de moins de deux mois ou les nourrissons très fragiles (nourrissons nés prématurément ou souffrant d'une maladie chronique) requièrent une surveillance attentive et doivent en général être hospitalisés.

L’évolution vers une pneumonie, ou une otite sont également possibles.

Diagnostic

 Le diagnostic de bronchiolite est clinique, et ne nécessite pas d’examen complémentaire. Cependant en milieu hospitalier le VRS peut être recherché par PCR ou par un test antigénique de diagnostic rapide.

Prévention

Elle repose sur l’application des mesures générales pour éviter la diffusion du virus et des autres virus de l’hiver, sur la vaccination des femmes enceintes pour protéger les nouveau-nés après la naissance, et/ou l’administration aux nouveau nés d’anticorps monoclonaux dirigés contre le VRS.

Epidémiologie

La bronchiolite se manifeste le plus fréquemment lors d’épidémies saisonnières.

Elle est majoritairement due au VRS.  Les autres agents causaux sont les virus parainfluenza, adénovirus...

Dans le monde entier, le VRS est responsable de 33 millions d’infections aigües des vois respiratoires inférieures chez l’enfant de moins de 5 ans, et de 26 000 à 101 000 décès par an.

En Europe, la bronchiolite à VRS est la première cause d’hospitalisation des nourrissons. La saison commence en moyenne au début du mois de décembre culmine au début du mois de février, et se poursuit jusqu’au début du mois d’avril, avec de grande variations selon les pays.

En France métropolitaine, la surveillance de la bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans repose sur les données de médecine ambulatoire (SOS Médecins), des services d’urgences (OSCOUR) dans le cadre de la Surveillance Syndromique SurSaUD, des services de réanimation pédiatrique du réseau PICURe (Pediatric Intensive Care Unit Registry), ainsi que sur les analyses virologiques hospitalières (réseau RENAL) et ambulatoires (Réseau Sentinelles) en lien avec le Centre National de Référence (CNR) des virus des infections respiratoires.

Au cours des saisons 2010-2020, l'épidémie débutait généralement en octobre, pour atteindre un pic en décembre et se termine à la fin de l'hiver. On estime que la bronchiolite touchait chaque hiver près de 30 % des nourrissons de moins de 2 ans, soit environ 480 000 cas par an. Chaque année 2 à 3% des nourrissons de moins de 1 an étaient hospitalisés pour une bronchiolite. Les épidémies de bronchiolite représentent la première cause d’hospitalisation en pédiatrie. Les décès imputables à la bronchiolite aiguë sont très rares (inférieurs à 1 %). 

Depuis l’émergence de la Covid-19, les épidémies de bronchiolite ont été très perturbées, avec des débuts généralement plus précoces, une diminution des hospitalisations en 2020-2021, puis une augmentation en 2021-2022 et en 2022-2023. La part des infections à VRS a augmenté, mais les pratiques diagnostiques ont évolué, avec un recours plus fréquent au diagnostic du VRS dans le cadre de la détection de d’autre virus suite à l’émergence de la Covid-19.

En 2023-2024 une surveillance pilote des cas de bronchiolite (tous virus confondus) admis dans des services de réanimation pédiatrique a montré l’importance des infections dues au VRS dans cette population : il a été impliqué pour 73% des cas admis en réanimation (seul ou en coinfection) et était le seul pathogène identifié pour 63% des cas admis en réanimation. Les cas étaient majoritairement âgés de moins de 6 mois (79%) et 28% des cas avaient au moins une comorbidité identifiée ou étaient prématurés. Aucun décès n’a été signalé parmi les cas.

Infections respiratoires de l’adulte

En plus du fardeau pédiatrique de la maladie, le VRS est de plus en plus reconnu comme un agent pathogène important chez les personnes âgées, l’infection entraînant une augmentation des taux d’hospitalisation chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et une augmentation des taux de mortalité chez les personnes âgées fragiles qui se rapprochent des taux observés avec la grippe.

Clinique

Symptômes

Les signes initiaux sont identiques à ceux du nourrisson. Les manifestations sont en général moindres que chez l’enfant, et l’infection est en général sous-diagnostiquée.

Les manifestations sont très semblables à celles de la grippe.

La symptomatologie chez l’adulte varie du simple rhume à la pneumopathie qui peut se compliquer d’une détresse respiratoire aiguë. Il convient de distinguer les infections des voies respiratoires inférieures, touchant principalement la trachée, les bronches et le parenchyme pulmonaire, des infections des voies respiratoires supérieures constituées de la rhinopharyngite, l’otite moyenne aiguë, la sinusite et l’angine aiguë.

L’évolution vers une bronchiolite ou une pneumonie est possible d’autant plus que la personne est âgée ou souffre de comorbidités (pathologies cardio-vasculaires, immuno dépression).

L’infection peut aussi entraîner un syndrome de détresse respiratoire aiguë, des complications graves telles que l’exacerbation d’une maladie cardiopulmonaire sous-jacente ou une pneumopathie nécessitant une assistance respiratoire ; ces complications peuvent conduire au décès.

Diagnostic

La recherche antigénique rapide combinée des virus grippaux et/ou du VRS en réalisation conjointe avec celle du SARS-CoV-2 par des TROD ou celle du TROD VRS seule n’est pas recommandée actuellement à l’échelon individuel dans le diagnostic des infections respiratoires aiguës en ville. Seul le TROD SARS-CoV-2 est pris en charge.

En revanche, la HAS indique que la recherche rapide antigénique de ces virus par un TROD grippe/COVID ou grippe/COVID/VRS peut présenter un intérêt médical à l’échelon populationnel (impact de santé publique) qui justifierait une prise en charge par la collectivité du fait d’un bénéfice potentiel pour le système de santé, les soignants et les parents/patients en période hivernale.

Prévention

La prévention repose sur les mesures barrières, les mesures d’hygiène, et la vaccination des personnes à risque : femmes enceintes pour protéger leur nouveau-né, personnes à risque de comorbidité de 65 ans et plus, et personnes âgées de 75 ans et plus.

Épidémiologie des infections à VRS de l’adulte

Les études menées au Royaume-Uni et plus récemment aux États-Unis, mettaient en évidence l’importance du VRS comme cause de morbidité et mortalité chez les adultes âgés de 75 ans et plus, indépendamment de la présence de facteur de risque (6 fois plus d'hospitalisations et 15 fois plus de décès chez les 75 ans et plus, versus 65-74 ans sans facteur de risque).

Les personnes âgées de 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires chroniques (particulièrement une bronchopneumopathie chronique obstructive - BPCO) ou cardiaques chroniques (notamment une insuffisance cardiaque) sont à haut risque de complications. Ces comorbidités sont en effet susceptibles de s’aggraver lors d’une infection à VRS. Pour preuve, une comorbidité serait présente en France chez 78,6 % des patients hospitalisés pour une infection liée au VRS. Aux États-Unis, ce taux atteint 95,5 %, et la BPCO et l'insuffisance cardiaque représentent environ 70 % de ces comorbidités. La présence d'une comorbidité entre 65 ans et 74 ans multiplie par 9 le risque d'hospitalisation et par 6 le risque de décès.

Pendant la saison hivernale 2022-2023, le taux d’incidence des cas d’IRA dues au VRS vues en médecine de ville, tous âges confondus (dont 19 % étaient âgés de 65 ans et plus) au cours de la saison hivernale 2022-2023 était de 448 cas pour 100 000 habitants, soit une incidence annuelle des cas de 297 461. À titre de comparaison, au cours de la même saison hivernale :

  • Le taux d’incidence des cas d’IRA dues à la Covid-19 vues en médecine de ville était de 938 cas/100 000 habitants ;
  • Le taux d’incidence des cas d’IRA dues à la grippe et vues en médecine de ville était de 2 139 cas/100 000 habitants.

La part du VRS dans les IRA, comparativement aux autres virus respiratoires, est donc plus faible. Ainsi, pour la saison 2022-2023, la part du VRS a été estimée à 7,6 %, 31,4 % pour les virus grippaux, et 10,9 % pour le SARS-CoV-2. Durant la saison 2023-2024, les IRA dues au VRS représentaient 6,6 %, 21,4 % pour les virus grippaux, et 15 % pour le SARSCoV-2. Chez les personnes âgées de 60 ans et plus, le taux de positivité du VRS est de 5 % contre 23,7 % pour le SARS-CoV-2 et 15,1 % pour les virus grippaux.

Les données relatives aux IRA sont publiées régulièrement sur le site de Santé Publique France.

RECOMMANDATIONS POUR LE NOUVEAU NE ET LE NOURRISSON

Il existe actuellement deux stratégies alternatives :

La prévention de l’infection à VRS peut être faite grâce à la vaccination de la future mère pendant la grossesse

Le vaccin Abrysvo® (Pfizer) a reçu un avis favorable de l’EMA le 20 juillet 2023 pour la vaccination de la femme enceinte. En juin 2024, la Haute autorité de santé a indiqué qu’il pouvait  être administré à la femme enceinte entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée. La Direction générale de la santé a préconisé le 27 août 2024 son administration à l’ensemble des femmes enceintes d’âge gestationnel compris entre 32 et 36 semaines d’aménorrhées entre le mois de septembre et de janvier. Il est disponible dans les établissements de santé publics et privés, ainsi que dans les officines en ville.

La prévention de l’infection à VRS peut aussi être faite par l’injection d’anticorps monoclonaux au nouveau-né/nourrisson
Cas général : Beyfortus®

La Direction générale de la santé a défini en juillet 2024 la population éligible à une immunisation par le Beyfortus® au cours de la saison 2024-2025, à savoir tous les nourrissons nés :

  • A partir du 1er janvier 2024 pour la métropole, la Guyane, la Martinique, Saint Martin et Saint Barthélémy ;
  • A partir du 1er février 2024 pour la Réunion et la Guadeloupe ;
  • Et à partir du 15 mars 2024 pour Mayotte.

Cette immunisation par le médicament Beyfortus® est proposée à tous les nouveau-nés dans les établissements de santé dotés de maternités depuis le 15 septembre 2024.

Dans l’état actuel des connaissances, la HAS précise que la vaccination maternelle et l’immunisation passive par anticorps monoclonaux sont deux stratégies alternatives.

La HAS recommande que les deux stratégies de prévention des infections à VRS soient présentées et expliquées au(x) futur(s) parent(s) pendant la grossesse afin de permettre leur décision éclairée quant à la protection du nourrisson et estime nécessaire que soient développés des supports d’information adaptés au(x) futur(s) parent(s) et aux différents professionnels de santé impliqués dans cette vaccination.

La HAS a donc publié en août 2024 un document destiné aux parents : Bronchiolite : Comment protéger votre bébé d’une forme grave ?

Néanmoins, dans les cas où la vaccination n’a pas été réalisée chez la femme enceinte ou lorsqu’elle n’est probablement pas efficace (nouveau-nés prématurés, intervalle entre la vaccination et la naissance de moins de 14 jours), la HAS préconise un rattrapage par immunisation passive par anticorps monoclonaux.

En l’absence de données d’efficacité et d’immunogénicité du vaccin chez les femmes immunodéprimées, la HAS recommande préférentiellement l’administration d’anticorps monoclonaux chez le nourrisson.

Nouveaux nés prématurés et nourrissons à risques particuliers : Synagis® 

  • Enfants nés à 35 semaines d’âge gestationnel ou moins et de moins de 6 mois au début de l’épidémie saisonnière à VRS ;
  •  Enfants de moins de 2 ans ayant nécessité un traitement pour dysplasie broncho-pulmonaire au cours des 6 derniers mois ;
  • Enfants de moins de 2 ans atteints d’une cardiopathie congénitale avec retentissement hémodynamique.

RECOMMANDATIONS CHEZ LES PERSONNES ÂGEES DE 65 ANS ET PLUS

Deux vaccins ont reçu une AMM européenne dans l’indication pour l’immunisation active des personnes âgées de 60 ans et plus pour la prévention de la maladie des voies respiratoires inférieures causée par le VRS, le vaccin Arexvy® et le vaccin Abrysvo®.

Le calendrier vaccinal d'octobre 2024 recommande :

  • La vaccination des sujets âgés de 75 ans et plus au début de l'automne ;
  • La vaccination chez les sujets âgés de 65 ans et plus présentant des pathologies respiratoires chroniques (particulièrement BPCO) ou cardiaques (particulièrement insuffisance cardiaque) susceptibles de décompenser lors d'une infection à VRS.

La nécessité d'un rappel annuel n'est pas établie à ce jour.

SCHEMA DE VACCINATION ET D'IMMUNISATION

  • Abrysvo® (Pfizer)
    • Administration à la femme enceinte pour protéger les enfants après la naissance : uniquement entre la 32ème et la 36ème semaine d’aménorrhée, dès la phase pré-épidémique, et jusqu’à la fin de la période épidémique (soit de septembre à janvier en métropole). La nécessité d’une dose additionnelle d’Abrysvo® en cas de nouvelle grossesse n'a pas été établie à ce jour.
      • Une dose de vaccin une seule injection intramusculaire de 0,5 ml.
    • Personnes âgées de 60 ans et plus
      • Une dose de vaccin une seule injection intramusculaire de 0,5 ml.
  • Arexvy® (GSK)
    • Personnes âgées de 60 ans et plus
      • Une seule dose de 0,5 mL en intra musculaire.
  • Beyfortus® : 
    • Nourrissons de poids <5 kg : une dose unique de 50 mg administré par voie intramusculaire.
    • Nourrissons de poids ≥5 kg : une dose unique de 100 mg administré par voie intramusculaire.
  • Synagis® : 
    • Injection intramusculaire de 15 mg/kg, administrée une fois par mois pendant les périodes à risque d'infections communautaires à VRS.

Vaccins

Abrysvo® 

Chez les nourrissons de mères vaccinées :

L’évaluation de l’efficacité clinique repose sur l’étude MATISSE, un essai de phase 3 multicentrique en double aveugle, randomisé en deux bras parallèles, contrôlé versus placebo. Dans cette étude 7128 nourrissons nés de mères vaccinées pendant la grossesse ont été inclus. Les résultats de l’étude ont montré :

  • Une réduction des cas d’Infection des voies respiratoires inférieures par le VRS nécessitant une consultation médicale (IVRI-VRS) non significative dans les 90 jours suivant la naissance ;
  • Une réduction des cas d’IVRI-VRS sévères significatives nécessitant une consultation médicale à J90, 120, 150 et 180 (respectivement de 81,8 %, 73,9 %, 70,9 %, et 69,4 %.
  • La réduction des hospitalisations : une efficacité vaccinale de 67,7 % a été rapportée à J90 après la naissance avant de décroitre dans le temps atteignant les valeurs de 59,5 %, 56,4 %, 56,8 %, et 33,3% à J120, 150, 180 et 360 après la naissance respectivement.

Le vaccin protège l’enfant dès sa naissance. Il assure une forte protection pendant les 3 premiers mois du bébé, puis cette protection diminue entre 3 et 6 mois. La durée de la protection au-delà de 6 mois n’est pas connue. À noter : pour une transmission complète des anticorps de la mère au nourrisson, le vaccin doit avoir été injecté au moins 14 jours avant l’accouchement. Si ce n’est pas le cas, l'injection de Beyfortus®reste possible.

Chez les personnes de 65 ans et plus

  • Les seules évaluations disponibles sont les estimations de l’efficacité vaccinale (EV) en prévention des infections respiratoires dues au VRS pouvant être suivies par les services de soins de ville ou celles qui ne nécessitent pas systématiquement un recours à ces services ;
  •  L’EV a été évaluée sur deux critères de jugement principaux : IVRI-VRS avec ≥ 2 symptômes et IVRI-VRS avec ≥ 3 symptômes. Chez les participants ayant présenté une IVRI-VRS avec ≥ 2 symptômes, elle variait de 65 % en fin de saison 1, à 49 % en saison 2 ; et chez les participants ayant présenté une IVRI-VRS avec ≥ 3 symptômes, elle variait de 86 % en saison 1 à 79 % en saison 2 ;
  •  L’EV chez les participants de 65 ans et plus sur une seule saison variait de 90 % (chez les participants présentant une IVRI-VRS avec ≥ 3 symptômes) à 83 % chez les participants présentant une IVRI-VRS avec ≥ 2 symptômes ;
  • Les estimations de l’EV dans les classes d’âges plus âgées (60-69 ans et 70-79 ans) étaient non significatives ;
  •  A ce jour, aucune donnée spécifique n’est décrite pour les sujets âgés entre 60 et 64 ans avec des comorbidités.

Arexvy®

Les seules évaluations disponibles à ce jour sont les estimations de l’EV en prévention des Maladies des voies respiratoires inférieures (MVRI) associées au VRS (non sévères et ne nécessitant pas d’hospitalisations) :

  • L’EV évaluée sur le critère de jugement principal (MVRI associée au VRS) variait de 83 % sur une seule saison à 67 % sur deux saisons cumulées ;
  • L’EV évaluée chez les participants de 65 ans et plus, variait de 83% sur une seule saison et à 61% sur deux saisons cumulées. Les estimations de l’EV variaient d’une manière similaire entre les deux saisons dans les classes d’âge 60-69 ans et 70-79 ans ;
  • L’EV évaluée chez les participants présentant au moins une comorbidité d’intérêt (sans limite d’âge), a été estimée entre 95% sur une seule saison et 67 % sur deux saisons cumulées ;
  •  L’EV après une dose de rappel a été estimée à 67%.

 Intérêt d’un rappel

Il n’a pas été établi.

Anticorps monoclonaux contre le VRS

Synagis®

  • Un anticorps monoclonal neutralisant (le palivizumab, Synagis®)  est utilisé depuis de nombreuses années (AMM en 1999) pour prévenir les formes graves d’infections à virus respiratoire syncitial (VRS) chez les prématurés et les nourrissons à haut risque.

Beyfortus®

  • Fin 2022, un deuxième anticorps monoclonal neutralisant dirigé contre le VRS, le nirsevimab (Beyfortus®) a reçu une AMM européenne dans une indication plus large : la prévention des infections des voies respiratoires inférieures causées par le VRS chez tous les nouveau-nés et les nourrissons pendant leur première saison de circulation du VRS.
  • Le Beyfortus® apporte une protection rapide contre le virus. Elle est maximale 6 jours après l’injection et dure au moins 5 mois. La durée de la protection au-delà de 5 mois n’est pas connue.
  • Le Beyfortus® a été recommandé en France et utilisé pendant la saison épidémique 2023-2024, du 15 septembre 2023 à la fin janvier 2024, pour tous les nourrissons sans facteur de risque de forme grave nés à partir du 6 février 2023.
  • Deux études complémentaires ont été menées en collaboration par l’Institut Pasteur et Santé publique France, qui ont montré l’impact positif du Beyfortus®, avec une baisse significative du nombre de nourrissons hospitalisés et une efficacité du traitement en vie réelle estimée entre 76% et 81% pour les nourrissons admis en réanimation.
  • Par ailleurs, l’administration du Beyfortus® a évité environ 5 800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 en France hexagonale.
  • Une étude multicentrique française, l’étude Envie publiée en juillet 2024 a estimé à 83 % l’efficacité du Beyfortus® dans la prévention des hospitalisations pour bronchiolite à (VRS) chez l’enfant de moins de 12 mois. 
  • Une étude française cas-témoin publiée en août 2024 a montré une efficacité de 83% les passages aux urgences pour bronchiolite à VRS  et une efficacité de 83 % sur les hospitalisations pour bronchiolite.

Anticorps monoclonaux

Il existe deux anticorps monoclonaux contre le VRS destinés aux nouveau-nés : le Synagis® et le Beyfortus®

 

Pour qui ?

Remboursement

Beyfortus® 5 mg

Nouveau-nés et nourrissons de moins de 1 an et de poids < 5kg

- à 100% à la maternité

- à 30% par l'Assurance Maladie à la pharmacie *

Beyfortus® 10 mg

Nourrissons de moins de 1 an et de poids ≥ à 5 kg

- à 100% à la maternité

- à 30% par l'Assurance Maladie à la pharmacie *

Synagis® 50 mg et 100 mg

Nouveau-nés et nourrissons de moins de deux ans à risques particuliers

- à 100% à l'hôpital par l'Assurance Maladie

*Le montant restant est pris en charge par les complémentaires santé. Le montant est intégralement pris en charge avec la Complémentaire santé solidaire ou l'Aide médicale de l'État.

Vaccins

Il existe actuellement en France deux vaccins contre les infections à VRS.

Le vaccin Abrysvo® (Pfizer)

Vaccin bivalent (VRS A et B) contre la protéine F de pré-fusion recombinante.

Chaque dose contient 120 µg de protéine virale (la protéine de préfusion F), issue pour moitié d’un VRS du sous-groupe A et pour moitié d’un VRS du sous-groupe B.

Il n’est pas encore commercialisé en France.

Le vaccin Arexvy® (GSK) 

Vaccin recombinant adjuvanté (AS01) contre la protéine F de préfusion (RSVPreF3).

Après reconstitution, une dose (0,5 mL) contient : Antigène2,3 RSVPreF31 : 120 microgrammes.

Nom commercial*

 Abrysvo®

Maladies
concernées

Bronchiolites et infections respiratoires dues aux virus respiratoires syncitiaux (VRS)

Type de vaccin bivalent, recombinant
Pour qui ? Femmes enceintes entre 32 et 36 semaines d'aménorrhée Personnes de 60 ans et plus
Remboursement** Pris en charge à 100% pour les femmes enceintes
Nom commercial*

Arexvy®

Maladies
concernées

Bronchiolites et infections respiratoires dues aux virus respiratoires syncitiaux (VRS)

Type de vaccin recombinant inactivé
Pour qui ? Personnes de 60 ans et plus
Remboursement** Non remboursé actuellement
Nom
commercial*
Maladies
concernées
Type
de vaccin
Pour qui ? Remboursement

 Abrysvo®

Bronchiolites et infections respiratoires dues aux virus respiratoires syncitiaux (VRS)

bivalent, recombinant Femmes enceintes entre 32 et 36 semaines d'aménorrhée Personnes de 60 ans et plus Pris en charge à 100% pour les femmes enceintes

Arexvy®

Bronchiolites et infections respiratoires dues aux virus respiratoires syncitiaux (VRS)

recombinant inactivé Personnes de 60 ans et plus Non remboursé actuellement
  • Vaccin AREXVY® : se référer au résumé des caractéristiques du produit (RCP)

Hypersensibilité aux substances actives ou à l’un des excipients.

  • Vaccin ABRYSVO® : se référer au résumé des caractéristiques du produit (RCP) 

Hypersensibilité aux substances actives ou à l’un des excipients.

  • Beyfortus® : se référer au RCP

Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients.

  • Synagis® : se référer au résumé des caractéristiques du produit (RCP)

Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients.

Abrysvo® :
  • Les effets secondaires les plus fréquemment rapportés chez les femmes enceintes entre 24 et 36 semaines étaient des douleurs au site de vaccination, des maux de tête et des douleurs musculaires ;
  • Aucun effet indésirable n’a été identifié chez les nourrissons participants nés de mères vaccinées ;
  • Chez les personnes de 60 ans et plus, l’effet secondaire le plus fréquemment signalé était la douleur au site de vaccination.
  • Des données limitées sont disponibles chez les adolescentes enceintes et leurs nourrissons.
Arexvy ®
  • Les effets secondaires les plus couramment observés sous (qui peuvent affecter plus d’une personne sur 10) comprennent des douleurs au site d’injection, de la fatigue, des douleurs musculaires, des maux de tête et des douleurs articulaires. Ces effets secondaires sont généralement d’intensité légère ou modérée et disparaissent quelques jours après la vaccination.
Beyfortus® 

Les effets secondaires sont peu fréquents :

  • éruption cutanée
  • réaction au site d’injection (rougeur, gonflement et douleur)
  • fièvre

L'ANSM a mis en ligne une fiche destinée aux parents sur les effets secondaires du Beyfortus, et mis en place une surveillance rapprochée du Beyfortus. Les effets indésirables peuvent être déclarés ici.

Synagis® 

Les effets indésirables les plus fréquents sont une éruption cutanée, une réaction au site d'injection et de la fièvre.

Qui peut prescrire et administrer le vaccin Abrysvo®

Les médecins, les sages-femmes, les pharmaciens et les infirmiers peuvent prescrire et administrer le vaccin Abrysvo®.

Abrysvo® est administré en une seule dose de 0,5 ml par voie intramusculaire uniquement, de préférence dans le muscle deltoïde.  

Administration avec d’autres vaccins

Le vaccin Abrysvo® peut être administré en même temps qu’un vaccin contre la grippe ou contre la Covid-19. Conformément à son AMM, un intervalle minimum de deux semaines est recommandé entre l’administration du vaccin diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire (dTca) et l’administration d’Abrysvo®.

Qui peut prescrire et administrer le vaccin Arexvy®

Arexvy est administré en une seule dose de 0,5 ml par voie intramusculaire uniquement, de préférence dans le muscle deltoïde.

Il peut être prescrit et administré par un médecin. Il n'est pas encore remboursé.

Le vaccin Arexvy® peut être administré de manière concomitante avec les vaccins inactivés de la grippe saisonnière (dose standard sans adjuvant, haute dose sans adjuvant, ou dose standard avec adjuvant).

L'administration concomitante d’Arexvy® avec d'autres vaccins que ceux listés ci-dessus n'a pas été étudiée.

Qui peut prescrire et administrer le Beyfortus® ?

Le Beyfortus est disponible dans les maternités et dans les pharmacies de ville.

Tous les médecins et les sages-femmes peuvent le prescrire.

L’administration peut être réalisée à la maternité ou en ville par un médecin, une sage-femme ou une infirmière. 

Elle est également possible en PMI. 

L'administration se fait par voie intramusculaire à la face antérieure de la cuisse.

Le Beyfortus® peut être coadministré avec les vaccins du nourrisson. Mais il ne doit pas être mélangé à un vaccin dans une même seringue ou un même flacon. 

En cas d’administration le même jour que d'autres vaccins, chaque produit doit être administré à l’aide d’une seringue différente et à des sites d’injection distincts.

Qui peut prescrire et administrer le Synagis ® ?

Le Synagis est uniquement disponible en établissement de santé.

Les injections des anticorps monoclonaux et des vaccins doivent être inscrites dans le carnet de santé de l'enfant ou dans le carnet de vaccination, et et sur le carnet de vaccination électronique inclus dans l’espace numérique en santé

Surveillance

World Health Organization and the European Centre for Disease Prevention and Control 2022 : Operational considerations for respiratory virus surveillance in Europe 18 July 2022  https://www.ecdc.europa.eu/sites/default/files/documents/Operational-considerations-respiratory-virus-surveillance-euro-2022.pdf

Epidémiologie et clinique des infections à VRS

Descamps A., Loubet P., Lenzi  N et al.: Complications intra-hospitalières et devenir post-hospitalier des infections à virus respiratoire syncytial (VRS) chez l’adulte hospitalisé. Médecine et Maladies Infectieuses Volume 50, Issue 6, Supplément, Septembre 2020, Page S12

Freymuth F, Vabret A, Gouarin S et al : Épidémiologie et diagnostic des infections à virus respiratoire syncytial de l’adulte Rev Mal Respir. 2004 Feb ; 21(1): 35–42.

Loubet P, Bouzid D, Debray MP, Visseaux B. Place des virus respiratoires dans les pneumonies aigues communautaires de l’adulte: quels changements depuis la Covid-19 Revue Francophone d’Infectiologie – 2021 – Volume 1

PILLY 2022 Infections  à VRS Epilly trop 2022 - Actualités - Documents - spilf - infectiologie

Shi T, McAllister DA, O’Brien KL, et al. Global, regional, and national disease burden estimates of acute lower respiratory infections due to respiratory syncytial virus in young children in 2015: a systematic review and modelling study. Lancet 2017;390:946-958.

Scheltema NM, Gentile A, Lucion F, et al. Global respiratory syncytial virus-associated mortality in young children (RSV GOLD): a retrospective case series. Lancet Glob Health 2017;5(10):e984-e991.

Recommandations

Haute Autorité de Santé 2019 : Prise en charge du premier épisode de bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois Fiche Outil - Novembre 2019 

Haute Autorité de Santé, juin 2024 : Recommandation vaccinale contre les infections à VRS chez les femmes enceintes

Haute Autorité de Santé, juin 2024 : Stratégie vaccinale de prévention des infections par le VRS chez l’adulte âgé de 60 ans et plus 

Direction Générale de la Santé, juillet 2024 : Campagne d’immunisation des nouveau-nés et nourrissons contre les infections à VRS pour la saison 2024-2025. DGS-Urgent N° 2024-10

Direction Générale de la Santé, août 2024 : Thérapeutiques disponibles pour la prochaine campagne d’immunisation des nouveau-nés et nourrissons contre les infections à VRS. DGS-Urgent N° 2024-13

Haute Autorité de Santé, août 2024 : Bronchiolite Comment protéger votre bébé d’une forme grave ?

Efficacité des anticorps monoclonaux

Assad Z, Romain AS, Aupiais C, et al. Nirsevimab and hospitalization for RSV bronchiolitis. N Engl J Med 2024; 391: 144–54.

Brault A, Pontais I, Enouf V, Debeuret C, Bloch E, Paireau J, et al. Effect of nirsevimab on hospitalisations for respiratory syncytial virus bronchiolitis in France, 2023-24: a modelling study. Lancet Child Adolesc Health. 2024.

Carbajal R, Boelle P-Y, Pham A, et al. Real-world effectiveness of nirsevimab immunisation against bronchiolitis in infants: a case–control study in Paris, France. Lancet Child Adolesc Health 2024. Published Online August 26, 2024 https://doi.org/10.1016/ S2352-4642(24)00171-8

Paireau J, Durand C, Raimbault S, Cazaubon J, Mortamet G, Viriot D, et al. Nirsevimab Effectiveness Against Cases of Respiratory Syncytial Virus Bronchiolitis Hospitalised in Paediatric Intensive Care Units in France, September 2023-January 2024. Influenza Other Respir Viruses. 2024;18(6):e13311.

Efficacité des vaccins :

Simões E, Center K, Tita A et al : Prefusion F Protein–Based Respiratory Syncytial Virus Immunization in Pregnancy  N Engl J Med 2022; 386:1615-1626.

Kampmann B, Shabir A. Madhi, M.B, et al. Bivalent Prefusion F Vaccine in Pregnancy to Prevent RSV Illness in Infants, N Engl J Med 2023;388:1451-1464

Papi A, Ison M, Langley J et al . Respiratory Syncytial Virus Prefusion F Protein Vaccine in Older Adults, N Engl J Med. 2023 Feb 16;388(7):595-608.       

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Wilson,E,,  Goswami J. Baqui A H et al : Efficacy and Safety of an mRNA-Based RSV PreF Vaccine in Older Adults  N Engl J Med 2023;389:2233-2244