Rage

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En France, la rage humaine est exceptionnelle : c’est principalement une maladie d’importation avec une vingtaine de cas recensés depuis 1970. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 55 000 personnes décèdent de la rage dans le monde chaque année.

La vaccination contre la rage est donc recommandée chez les voyageurs en zone à risque et, en France métropolitaine, aux personnes en contact accidentel ou professionnel avec des chauves-souris et aux professionnels pouvant être exposés aux animaux porteurs de la rage ou au virus dans le cadre  des activités de laboratoire. 

La rage est une encéphalite virale systématiquement mortelle chez l’homme.

La lutte contre la rage repose sur un ensemble de mesures qui allient l’information des voyageurs et la prévention des morsures, la vaccination des animaux domestiques, la vaccination préventive et la prophylaxie post exposition chez l'humain.

Le virus de la rage appartient au genre Lyssavirus, et à la famille des Rhabdoviridae. Actuellement, on distingue dix-sept espèces virales différentes à l’intérieur du genre Lyssavirus.

La rage est une maladie d’inoculation, transmise à l’homme par morsure, griffure ou léchage par un animal infecté et qui excrète le virus dans la salive. Le réservoir est quasi essentiellement constitué par les chiens. Des cas de rage secondaires à des transplantations d’organe ou de cornée ont été décrits dans le passé, qui sont maintenant évités par les mesures de sélection des donneurs d’organe.

Les enfants, de par leur taille et leur absence de méfiance vis-à-vis des animaux, sont plus exposés à ces morsures et à la transmission du virus.

Le virus étant retrouvé dans la salive, le liquide cérébro-spinal et les tissus nerveux, y compris périphériques, mais pas dans le sang ni les selles, la contamination des proches et du personnel soignant est théoriquement possible en cas de séjour prolongé en réanimation mais n’a jamais été observée.

Le vaccin contre LA RAGE

Clinique

La durée de l’incubation de la rage est en moyenne de 20 à 60 jours, mais peut exceptionnellement se prolonger. Très rarement, elle peut n’être que de dix jours (plaies profondes de la tête).

La phase d’incubation est totalement silencieuse et correspond à la migration du virus dans le système nerveux périphérique. Elle est suivie d’une courte phase prodromique, dont les seuls symptômes évocateurs sont l’apparition de paresthésies ou de prurit au niveau de la région mordue, généralement cicatrisée. Puis apparaissent des signes d’encéphalite ou d’encéphalomyélite, possiblement associés à des troubles métaboliques d’origine centrale.

Une fois les symptômes déclarés chez les patients, la rage est toujours mortelle, dans un tableau de coma associé à une défaillance multiviscérale.

Chez l’homme, le diagnostic est possible par la mise en évidence des acides nucléiques viraux par RT-PCR dans la salive, sur des biopsies cutanées (pratiquées au niveau des follicules pileux de la nuque) et éventuellement sur le liquide cérébrospinal.

Le diagnostic peut également être confirmé à l’autopsie (chez l’homme et chez l’animal).

Il n’existe aucun traitement efficace contre la rage une fois les symptômes présents.

Il est cependant possible de traiter efficacement les personnes après l’exposition au virus et avant l’apparition des symptômes : c’est la prophylaxie post-exposition (PPE), qui comprend une série d’injections de vaccin, associée dans certains cas à une sérothérapie.

Epidémiologie

La rage est une zoonose virale. Tous les animaux à sang chaud sont sensibles au virus de la rage, mais les mammifères, et plus particulièrement les carnivores et les chiroptères, sont les principaux vecteurs de la maladie.

La rage est présente de manière enzootique dans le monde entier, sauf dans certaines îles du Pacifique et de l’Atlantique, et au Japon. On distingue la rage canine, ou rage des rues, dont le vecteur principal est le chien, qui sévit en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et, à un moindre degré, en Amérique du Sud ; et la rage selvatique, ou rage des animaux sauvages, dont le vecteur principal est différent selon les zones géographiques : le renard roux en Europe, le raton laveur en Amérique du Nord, le loup en Iran. Les chiroptères hématophages ou chauves-souris vampires en Amérique centrale, frugivores dans les zones tropicales et insectivores dans les zones tropicales et tempérées, sont également des vecteurs de la rage.

 Epidémiologie de la rage canine et de la rage transmise par les chiens (OMS)

La rage en Europe et en France

Les pays d’Europe de l’Ouest, dont la France métropolitaine, sont pour la plupart indemnes de rage terrestre (c’est-à-dire la rage des animaux non volants par opposition à la rage des chauves-souris). Le risque pour l’homme dans ces pays indemnes est représenté, d’une part, par d’éventuels animaux infectés dans d’autres pays et importés illégalement, d’autre part, par les chauves-souris.

En revanche, dans l’est de l’Europe et dans les Balkans, le risque de rage chez les carnivores n’est pas maîtrisé et des cas sont régulièrement diagnostiqués chez des renards et plus rarement chez des animaux domestiques (chiens principalement).

En France, la Guyane représente une situation particulière : le risque de rage en Guyane existe vis-à-vis de carnivores éventuellement arrivés infectés d’un pays voisin où la rage n’est pas maitrisée (Brésil, Surinam). En outre, en Guyane comme dans le reste des Amériques, circulent des virus rabiques chez les chauves-souris hématophages (« vampires »). Ces animaux sont responsables de pertes économiques importantes dans le bétail, et de la transmission de la rage à des animaux terrestres et potentiellement à l’homme. En revanche, les autres territoires ultramarins français n’ont jamais enregistré de cas de rage animale ou humaine.

En France, la rage humaine est une maladie à déclaration obligatoire (DO) : https://www.formulaires.service-public.fr/gf/cerfa_12207.do

Vaccination préventive

La vaccination préventive contre la rage est recommandée pour les chiroptérologues et les personnes régulièrement exposées aux virus de la rage des chauves-souris en France métropolitaine.

Recommandations pour les professionnels

La vaccination préventive contre la rage est recommandée pour les personnels des services vétérinaires, personnels des laboratoires manipulant du matériel contaminé ou susceptible de l’être par le Lyssavirus de la rage ou d’autres Lyssavirus, équarrisseurs, personnels des fourrières, naturalistes, taxidermistes, gardes-chasse, gardes forestiers, personnels des abattoirs.

Recommandations pour les voyageurs

Pour les voyageurs devant effectuer un séjour dans des zones à haut risque (Asie, Afrique y compris Afrique du Nord, Amérique du Sud), la vaccination préventive est recommandée dans les cas suivants :

  • Séjour prolongé ou aventureux avec un risque élevé de contact avec des animaux domestiques ou sauvages ou
  • Séjour en situation d’isolement ne permettant pas une prise en charge rapide.

Cette vaccination préventive est notamment recommandée chez les jeunes enfants dès qu’ils marchent. En effet, ils ont un risque plus élevé d’exposition par morsure ou par contact mineur passé inaperçu ou non déclaré par l’enfant (léchage sur peau excoriée, griffure, etc.).

Une évaluation du risque rabique par pays est présentée par le Public Health England sur son site.

Schéma de vaccination

La vaccination rabique avant exposition comprend trois injections de vaccin aux jours 0, 7 et 21 ou 28.

En cas de grossesse, il est préférable, par principe, de différer la vaccination avant exposition. Cependant, si le risque d’exposition est important, elle peut être pratiquée.

Les rappels à un an, puis tous les cinq ans ne sont plus recommandés systématiquement, mais :

  • Pour les professionnels exposés (vétérinaires, personnels de laboratoire manipulant du matériel contaminé…), les rappels seront fonction du niveau de risque d’exposition et des contrôles sérologiques ;
  • Pour les chiroptérologues, le rappel à un an reste systématique ; les rappels suivants seront fonction des contrôles sérologiques annuels.

Surveillance sérologique de la vaccination préventive chez des professionnels exposés

La surveillance sérologique est pratiquée sur sérum après prélèvement de sang complet sur tube sec. La méthode de référence est une méthode de séroneutralisation (réduction de foyers fluorescents – RFFIT) pratiquée dans les laboratoires de référence. La technique utilisée en routine est une technique immunoenzymatique. Le titre d’anticorps antirabiques supérieur ou égal à 0,5 UI/ml reconnu par l’OMS a été considéré comme le niveau approprié pour démontrer l’immunité contre la rage. Dans tous les cas, le taux d’anticorps est à apprécier en fonction des vaccinations antérieures, notamment de la date du dernier rappel. Dans tous les cas, la surveillance sérologique des professionnels est préférable à l’administration systématique de rappels. Un rappel sera effectué uniquement si le titre d’anticorps neutralisant est inférieur à 0,5 UI/ml.

On distingue plusieurs types de suivi sérologique en fonction du risque d’exposition des catégories de professionnels concernés :

  • Les professionnels vaccinés qui ne sont pas soumis à un risque continu et fréquent mais qui peuvent être exposés à des cas de rage importés, comme certains personnels des services vétérinaires, des fourrières, des centres de quarantaine ou qui peuvent être amenés à manipuler des chauves-souris comme dans les centres de soins à la faune sauvage :
    • Surveillance sérologique tous les deux ans à partir de la fin de la première année, sans qu’un premier rappel ne soit effectué au cours de la première année.
  • Les professionnels vaccinés soumis à un risque continu ou fréquent, c’est-à-dire pouvant être exposés en milieu de laboratoire à des concentrations élevées de Lyssavirus vivant :
    • Contrôle sérologique quinze jours après la vaccination et test sérologique six mois après. Si le titre d’anticorps antirabiques neutralisants devient inférieur à 0,5 UI/ml, une injection de rappel doit être pratiquée. Si le taux d’anticorps est suffisant, on attend encore six mois pour pratiquer l'injection de rappel qui doit être systématique, soit un an après le début de la primovaccination. Par la suite, un contrôle sérologique sera pratiqué tous les six mois et un rappel administré à chaque fois que le titre d’anticorps est inférieur à 0,5 UI/ml.

Ces recommandations s’appliquent pour les personnes immunocompétentes. Dans le cas contraire, il est souhaitable de prendre un avis auprès des experts du Centre national de référence de la rage.

Dans le cas où la surveillance sérologique n’est pas possible, la périodicité des rappels est systématiquement de deux ans pour les professionnels vaccinés qui, dans leurs activités, ne sont pas soumis à un risque continu ou fréquent d’exposition et d’un an pour les professionnels vaccinés pouvant être exposés en milieu de laboratoire à des concentrations élevées de virus rabique.

Pour les chiroptérologues, la surveillance sérologique est effectuée par un centre antirabique quinze jours après la primovaccination. Par la suite, un contrôle sérologique sera pratiqué deux semaines après le rappel à un an, puis tous les ans avant la saison de capture (printemps). La fréquence des rappels sera déterminée en fonction du taux d’anticorps lors du contrôle sérologique annuel :

  • Si le taux d’anticorps antirabiques neutralisants est supérieur ou égal à 1 UI/m, le titre est jugé suffisant et un contrôle sérologique sera programmé l’année suivante.
  • Si le taux d’anticorps antirabiques neutralisants est inférieur à 1 UI/ml, un rappel vaccinal suivi d’un contrôle sérologique au minimum quinze jours plus tard est nécessaire.

Les prélèvements doivent être envoyés pour analyse au Centre national de référence de la rage qui assurera ce dosage par la méthode RFFIT. L’exposition aux Lyssavirus des chiroptères devrait être limitée, et arrêtée dès que le contrôle sérologique met en évidence un taux d’anticorps inférieur à 1 UI/ml.

Pour le personnel travaillant sur les Lyssaviruscomme pour les chiroptérologues, le résultat de la sérologie détermine la nécessité des rappels vaccinaux, voire la recommandation de cesser toute activité exposant aux Lyssavirus si ce taux reste inférieur aux seuils recommandés (1 UI/ml pour les personnes exposées au virus des chauves-souris européennes).

 

Conduite à tenir en cas d’exposition à un animal suspect de rage

La prise en charge en cas d’exposition à risque (principalement en zone d’enzootie ou en cas de contact avec une chauve-souris quelle que soit la zone) comprend plusieurs étapes, dont le parage de la plaie, la vérification de l’immunité antitétanique, la discussion d’une antibiothérapie et la recherche de l’animal.

Si l’animal est suspect, inconnu ou non disponible (en fuite ou morsure dans un pays tiers), la personne mordue doit être adressée le plus tôt possible à un centre de vaccination antirabique qui décidera de l’indication d’une prophylaxie post-exposition, en fonction de l’espèce animale, des circonstances de l’exposition, des lésions et de l’épidémiologie de la rage dans le pays d’exposition. Seuls les centres antirabiques peuvent initier la vaccination en post-exposition.

L’OMS a précisé, en 2018, la conduite à tenir en fonction de la catégorie d’exposition au virus de la rage, en fonction de trois niveaux d’exposition.

Niveaux de risque d'exposition au virus de la rage par catégorie d'après l'Organisation mondiale de la santé (2018), repris dans HAS 2018, p 10

Catégorie

Nature du contact avec un animal sauvage
ou domestique présumé enragé ou dont la rage a été confirmé

I

Contact ou alimentation de l'animal
Léchage sur peau intacte

II

Peau découverte mordillée
Griffures bénignes ou excoriations sans saignements
Léchage sur peau érodée

III

Morsure(s) ou griffure(s) ayant traversé la peau
Contamination muqueuse par la salive (léchage)

 

Vaccination post-exposition d’une personne non vaccinée antérieurement

Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la prophylaxie en fonction de la catégorie d’exposition ont été reprises par la Haute Autorité de santé en 2018 (HAS) et précisées pour la France par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) en septembre 2020.

Prophylaxie post exposition par catégorie d'exposition d'après l'Organisation mondiale de la santé. 2018 

Exposition de catégorie I

Exposition de catégorie II

Exposition de catégorie III

Individus jamais encore
immunisés quel que soit
le groupe d'âge

Lavage des surfaces cutanées exposées.
Aucune PPE n'est requise.

Lavage de la plaie et vaccination immédiate :
- Injections ID en 2 sites aux jours 0, 3 et 7

ou

- Injections IM en 1 site aux jours 0, 3, 7 et entre 14 et 28 jours

ou

- Injections IM en 2 sites au jour 0 et en 1 site aux jours 7, 21

Les immunoglobulines antirabiques ne sont pas indiquées.

Lavage de la plaie et vaccination immédiate : 

- Injections ID en 2 sites aux jours 0, 3 et 7

ou

- Injections IM en 1 site aux jours 0, 3, 7 et entre 14 et 28 jours

ou

- Injections IM en 2 sites au jour 0 et en 1 site aux jours 7, 21

L'administration d'immunoglobulines antirabiques est recommandée.

Individus précédemment
immunisés quel que soit
le groupe d'âge

Lavage des surfaces cutanées exposées.
Aucune PPE n'est requise.

Lavage de la plaie et vaccination immédiate : 

- Injections ID en 1 site aux jours 0 et 3

ou

- Injections ID en 4 sites au jour 0

ou

Injections IM en 1 site aux jours 0 et 3

Les immunoglobulines antirabiques ne sont pas indiquées.

Lavage de la plaie et vaccination immédiate :

- Injections ID en 1 site aux jours 0 et 3

ou

- Injections ID en 4 sites au jour 0

ou

- Injections IM en 1 site aux jours 0 et 3

Les immunoglobulines antirabiques ne sont pas indiquées.

  

Ces recommandations de l’OMS concernent les pays où la rage est endémique, ce qui n’est plus le cas en métropole. Toutefois, certaines personnes peuvent avoir été exposées lors d’un contact dans un pays où la rage est endémique ou avec un animal malade importé illégalement, et consultent dans un centre antirabique (CAR) en France. En effet, seuls les centres antirabiques sont autorisés à mettre en œuvre une prophylaxie post-exposition.

Le HCSP a donc défini deux conduites à tenir pour la France, en Guyane et hors Guyane.

Prophylaxie de la rage post-exposition sur le territoire français hors Guyane 

  • L’animal impliqué est d’une espèce pouvant transmettre le virus de la rage et il vit ou provient d'une zone enzootique pour les animaux terrestres non volants. Il s’agit d’expositions survenues lors d’un séjour à l’étranger ou en rapport avec un animal importé (depuis moins de 6 mois) d’une zone enzootique. Dans cette situation, il faut traiter en suivant les recommandations de l’OMS pour les zones enzootiques.
  •  L’animal impliqué est d’une espèce pouvant transmettre le virus de la rage et il vit dans une zone officiellement indemne de rage des mammifères terrestres non volants, (sur le territoire français métropolitain ou dans les territoires d’outre-mer - à l’exception de la Guyane -) et il n’y a pas de notion avérée de contact avec un animal provenant de zone d’enzootie.
    •  L’animal est disponible pour la surveillance : en l'absence de signe évocateur de rage, il n’y a pas lieu d’initier en urgence une PPE.
      • Si l’animal mordeur développe des signes évocateurs de rage, il devient suspect clinique de rage et il est alors recommandé de traiter immédiatement.
      • Si l’animal meurt ou doit être euthanasié, sa tête doit être envoyée au laboratoire et on attend le résultat.
    •  L’animal n’est pas disponible pour une surveillance vétérinaire ou pour être analysé : la conduite à tenir dépend de l’animal incriminé (carnivores, chauves-souris, etc.) (Cf schéma).
  • L’animal impliqué est d’une espèce pouvant transmettre le virus de la rage et il vit à Mayotte. En l’absence d’évolution épidémiologique significative, les indications de la prophylaxie post-exposition à Mayotte restent celles fixées pour la France Métropolitaine.

 Prophylaxie de la rage post-exposition en Guyane 

  • L’animal impliqué est d’une espèce pouvant transmettre le virus de la rage et il vit en Guyane française. Compte-tenu de l’épidémiologie particulière de la rage en Guyane française (présence de rage desmodine, frontière avec le Brésil, où des cas de rage canine sont régulièrement rapportés), la PPE est recommandée après toute exposition à des mammifères pour lesquels la surveillance n’est pas possible (chiens, chats, chauves-souris autres mammifères domestiques, animaux de rente, mais également les mammifères sauvages, comme les singes).
  • Cette recommandation ne concerne pas l’exposition aux rongeurs, pour laquelle aucune PPE n’est recommandée.
  • L’animal impliqué n’est pas susceptible de transmettre le virus de la rage (oiseau, reptiles, petits rongeurs…) : il n’y a pas d’indication de PPE quel que soit la provenance de l’animal.

Schéma de vaccination

La vaccination des personnes exposées à la rage en prophylaxie post-exposition peut être réalisée selon les recommandations de l’OMS et de la HAS :

  • Soit par voie intradermique (situation hors AMM en France),
  • Soit par voie intramusculaire (protocole Essen ou Zagreb).

La vaccination par voie intradermique est réalisée par injection intradermique en deux sites aux jours 0, 3 et 7. Une dose intradermique correspond à 0,1 ml de vaccin antirabique. L’utilisation de seringues compatibles avec ce dosage est préconisée temporairement, dans l’attente de la mise à disposition par les firmes pharmaceutiques de présentations vaccinales adaptées à la voie intradermique.

Par voie intramusculaire, la prophylaxie post-exposition se fait selon les protocoles Essen ou Zagreb

  • Le schéma à quatre doses, dit protocole de « Zagreb », prévoit l’administration de deux doses au jour 0 (une dans chacun des deux deltoïdes ou sites de la cuisse), puis une injection aux jours 7 et 21.  
  • Le schéma à cinq doses, dit protocole de « Essen », comprend cinq injections de vaccin aux jours 0, 3, 7, 14 et 28 (le jour 0 étant le premier jour du traitement qui doit commencer le plus tôt possible après l’exposition, de façon optimale le jour même).

           

Vaccination post-exposition d’une personne préalablement vaccinée contre la rage

Les personnes exposées ou réexposées à la rage qui avaient déjà̀ reçu une prophylaxie pré́-exposition, une prophylaxie post-exposition ou qui ont arrêté́ la prophylaxie post-exposition après avoir reçu au moins deux doses de vaccin devraient recevoir :

  • Une injection intradermique en un site à jour 0 et jour 3, ou
  • L’administration intradermique en quatre sites intradermiques à jour 0.

 Dans certains cas, le centre antirabique pourra prescrire également des immunoglobulines : morsure de chauve-souris, patient immunodéprimé, morsure de grade III.

Surveillance sérologique de la vaccination réalisée après exposition

Cette surveillance est indiquée :

  • Chez les personnes immunodéprimées (sujets porteurs du virus de l’immunodéficience humaine, traités par corticothérapie, immunosuppresseurs, chimiothérapie anticancéreuse, ou atteints d’autres affections entraînant une immunodépression telle qu’insuffisance hépatique, rénale, etc.) ;
  • Chez les sujets qui reçoivent une chimioprophylaxie antipaludique par chloroquine, dont il a été montré qu’elle pouvait diminuer la réponse en anticorps antirabiques ;
  • Chez les sujets âgés et les femmes enceintes ;
  • Chez les sujets présentant une infection intercurrente en cours de protocole vaccinal ;
  • Chez les sujets pour lesquels le protocole vaccinal n’a pas été conforme aux recommandations.

Un titrage d’anticorps antirabiques sera prescrit dix à quinze jours après la fin du traitement. Selon les résultats, si le titre en anticorps est insuffisant, une ou plusieurs injections de vaccin supplémentaires peuvent être pratiquées.

Près de 88 à 100 % des personnes vaccinées avec rappel à un an sont immunisées contre la rage. Le taux d’anticorps protecteurs contre la rage est maintenu plus de dix ans après l’administration de 3 doses.

Depuis la découverte du vaccin contre la rage chez l’homme par Pasteur à la fin du XIXe siècle, la mise au point de vaccins à destination des carnivores et la prise charge des animaux enragés la rage humaine liée à des virus de carnivores a considérablement régressé en Europe et disparu de France métropolitaine. En ce qui concerne les animaux, 14 cas de chiens enragés ont été diagnostiqués en France depuis 2001, et pour 12 d’entre eux, il s’agissait d’animaux non vaccinés importés illégalement.

La vaccination antirabique des chiens et des chats est obligatoire pour les animaux séjournant en camping et ceux qui se rendent à l’étranger avec le projet de revenir. L’obligation vaccinale est assortie de l’obligation de démontrer une séroconversion post-vaccinale chez l’animal. Cette obligation vaut pour tous les carnivores domestiques (furet).

Les vaccins disponibles sont fabriqués soit sur cellules de lignée continue Vero, soit sur cellules d’embryon de poulet. Tous sont inactivés.

Le vaccin inactivé produit sur culture cellulaire de lignée continue Vero utilisant la souche Wistar Pitman Moore L503 3M est le Vaccin rabique Pasteur®. L’activité protectrice du vaccin est supérieure ou égale à 2,5 UI par dose humaine. Il se présente sous forme d’une poudre en flacon et d’un solvant en seringue pré-remplie (0,5 ml).

Le vaccin inactivé produit sur cellules d’embryon de poulet utilisant la souche Flury LEP est le vaccin Rabipur®. L’activité protectrice du vaccin est supérieure ou égale à 2,5 UI par dose humaine. Il se présente sous forme d’une poudre en flacon et d’un solvant en ampoule avec ou sans seringue jetable (1 ml).

Nom commercial*

Maladies concernées

Type de Vaccin

Pour qui ?

Remboursement

Vaccin rabique Pasteur®

Rage

Monovalent

Nourrissons,
enfants et adultes

Non pris en charge par l'assurance maladie sauf en post-exposition dans certains centres (65 %)

Rabipur®

Rage

Monovalent

Nourrissons, 
enfants et adultes

Non pris en charge par l'assurance maladie sauf en post-exposition dans certains centres (65 %)

*Cliquer sur le nom du vaccin pour obtenir son prix et plus d’informations.

Il convient de se référer aux notices des vaccins, disponibles sur le site de la base de données publique des médicaments pour connaître l’ensemble des contre-indications.

Il n’y a pas de contre-indication à la vaccination rabique après exposition.

En pré-exposition, les vaccins sont contre-indiqués en cas d’hypersensibilité à l’un des composants du vaccin, ou aux substances présentes à l’état de traces, tels certains antibiotiques, à une précédente vaccination ou à un vaccin contenant les mêmes composants.

La vaccination doit être différée en cas de maladie aiguë.

Il convient de se référer aux notices des vaccins, disponible sur le site de la base de données publique des médicaments pour connaître l’ensemble des effets indésirables.

Les réactions les plus fréquemment observées sont transitoires et bénignes. Il s’agit de douleur au site d’injection (> 10 %) et douleurs abdominales, arthralgies, nausées, et épisode fébrile (1 à 10 % des cas).

Enfin, des cas de syndrome de Guillain-Barré d’évolution favorable sans aucune séquelle ont été très rarement rapportés avec Rabipur®.

Les effets indésirables doivent être déclarés au centre régional de pharmacovigilance correspondant au lieu d’exercice du médecin traitant/spécialiste du patient.

Certains éléments ( infection aiguë concomitante, immunodépression) peuvent entraîner une moindre efficacité de la vaccination. En cas de vaccination préexposition, ils doivent conduire à discuter un report de celle-ci. En cas de vaccination post-exposition, aucun report n’est acceptable mais un contrôle de sérologie antirabique sera préconisé en fin de protocole vaccinal.

Depuis le 13 mars 2017, les professionnels de santé ou les usagers peuvent également signaler en quelques clics aux autorités sanitaires tout événement indésirable sur le site signalement-sante.gouv.fr, dont les effets indésirables, incidents ou risques d'incidents liés aux produits de santé.

Le vaccin est disponible en pharmacie et doit être conservé au réfrigérateur entre + 2° C et + 8° C. Il ne doit pas être congelé.

La vaccination préventive peut être réalisée en libéral, à l’hôpital, en pharmacie ou dans un laboratoire de biologie médicale.

Elle peut également être réalisée dans un centre de vaccinations, notamment un centre de vaccinations internationales. Dans ce cas, la prescription, la délivrance du vaccin et la vaccination s’effectuent sur place.

Lorsque la vaccination préventive est réalisée dans le cadre de la médecine du travail, elle est généralement prise en charge par l’employeur.

La vaccination post-exposition chez les personnes mordues ou griffées par un animal suspect n’est réalisée que dans des centres antirabiques agréés par le ministère chargé de la santé.

La vaccination contre la rage est pratiquée par voie intramusculaire, dans le deltoïde chez l’enfant et l’adulte, ou dans la face antérolatérale de la cuisse chez le bébé.

L'administration de la prophylaxie post-exposition est possible par voie intradermique suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé (septembre 2018). L'AMM du vaccin rabique pasteur a été modifiée en mars 2022, autorisant maintenant l'injection du caccin par voie intradermique dans cette indication.

La vaccination doit être inscrite dans le carnet de santé ou de vaccination, et sur le carnet de vaccination électronique inclus dans l’espace numérique en santé « Mon espace santé ». 

Recommandations

Recommandations sanitaires pour les voyageurs [page internet] : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/voyage

Haut Conseil de la Santé Publique : Avis relatif au traitement post-exposition de la rage 3 juillet et 25 septembre 2020 : file:///H:/Rage/hcspa20200925_avisrelatautraitpostexposdelarag.pdf

Haute Autorité de santé (HAS). Recommandations : Vaccination contre la rage en prophylaxie post-exposition. Saint-Denis, HAS, 2018 : 30 p. : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/recommandations_vaccination_contre_la_rage_en_prophylaxie_post-exposition.pdf

Bayeux-Dunglas M.-C., M. Ferreira M. Vaccinations en milieu de travail. EMC– Pathologie professionnelle et de l’environnement 2016 ; 11 (2) : 1-9. (16-675-A-10).

Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Guide pour l’immunisation en post-exposition : vaccination et immunoglobulines.Paris : HCSP, coll. Avis et rapports, , 2016 : 88 p. : http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=548

Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Vaccinations contre la rage et prophylaxie post-exposition. Paris : HCSP, –coll.  Avis  et rapport, 2013 : 35 p. : http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=316

World Health Organization (WHO). WHO Guide for Rabies Pre and Post Exposure Prophylaxis in Humans. Geneva: WHO, 2014: 27 p. : http://www.who.int/rabies/PEP_Prophylaxis_guideline_15_12_2014.pdf

Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Human Rabies Prevention - United States, 2008. Recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP). CDC: Morbidity Mortality Weekly Report May 23, 2008 / 57(RR03); 1-26,28. : https://www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/rr5703a1.htm

Épidémiologie

Organisation mondiale de la santé (OMS). La rage : les principaux faits. Genève : OMS [page Internet] : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/rabies

Portail de l’Organisation mondiale de la santé animale sur la rage : https://www.oie.int/fr/animal-health-in-the-world/rabies-portal/

Gautret P., Schwartz E., Shaw M., Soula G., Gazin P., Delmont J., et al. Animal-associated injuries and related diseases among returned travellers: a review of the GeoSentinel Surveillance Network. Vaccine 2007; 25(14): p. 2656-2663.

Hellenbrand W., Meyer C., Rasch G., Steffens I., Ammon A. Cases of rabies in Germany following organ transplantation. Euro Surveill 2005; 10(2): p. 1.

Vaccin

Organisation mondiale de la santé (OMS). Vaccins antirabiques. Note de synthèse de l’OMS – avril 2018. Relevé épidémiologique hebdomadaire n° 16, 2018, 93 : p. 201–220 : https://www.who.int/rabies/resources/who_wer9316/en/

 Effets indésirables

Moro P.L., Lewis P., Cano M. Adverse events following purified chick embryo cell rabies vaccine in the Vaccine Adverse Event Reporting System (VAERS) in the United States, 2006-2016. Travel Medicine and Infectious Disease 2019 May-Jun; 29: 80-81.

Toovey S. Preventing rabies with the Verorab vaccine: 1985-2005 Twenty years of clinical experience. Travel Medicine and Infectious Disease 2007; 5(6): 327-348.

Tullu M.S., Rodrigues S., Muranjan M.N., Bavdekar S.B., Kamat J.R., Hira P.R. Neurological complications of rabies vaccines. Indian Pediatrics 2003; 40(2): p.150-154.

Pour en savoir plus

Dossier thématique de Santé publique France https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/rage

Liste des centres antirabiques : https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/consultations/centre-antirabique#prise

Centre national de référence de la rage : https://www.pasteur.fr/fr/sante-publique/cnr/les-cnr/rage

Dossier du ministère de l’Agriculture : Gare à la rage : https://agriculture.gouv.fr/gare-la-rage

Principaux textes réglementaires concernant la rage chez les animaux : https://agriculture.gouv.fr/les-principaux-textes-reglementaires-sur-la-rage

Organisation mondiale de la santé. Nouveau plan stratégique mondial pour éliminer la rage humaine d’origine canine d’ici à 2030 : https://www.who.int/fr/news-room/commentaries/detail/new-global-strategic-plan-to-eliminate-dog-mediated-rabies-by-2030