Chikungunya à La Réunion : la HAS recommande de vacciner les personnes à risque

Envoyer par email

Séparez les adresses par des virgules

Publié le

La Réunion est en situation épidémique de chikungunya depuis le 13 janvier 2025, avec une reprise de la circulation du virus du chikungunya sur le territoire depuis le 23 août 2024. Au 25 février, 1 773 cas autochtones de chikungunya ont été dénombrés à La Réunion depuis le 23 août 2024, dont 1 631 depuis le début de l’année 2025. 

Le chikungunya est une maladie infectieuse dont le virus (CHIKV) est transmis à l’être humain par piqûre de moustiques diurnes (notamment ceux connus sous le nom de « moustique tigre »). Les infections par le CHIKV sont symptomatiques dans environ 75 % des cas et se traduisent par une fièvre brutale accompagnée de douleurs musculaires et articulaires intenses suivie d'une asthénie. Ces infections peuvent toutefois être plus graves chez certains patients avec la survenue de complications neurologiques, musculaires, cardiovasculaires ou la décompensation d’une maladie chronique préexistante. 

L’âge constitue le principal facteur de risque de gravité. Plus de la moitié des cas graves concernent en effet des patients âgés de 65 ans et plus. Par ailleurs, les formes chroniques de la maladie sont également liées à l’âge et à la présence d’arthralgies préexistantes. 

Compte tenu de la persistance très prolongée de l’immunité naturelle conférée par une infection antérieure, et en raison d’un nombre limité de doses de vaccin disponibles, la HAS recommande de vacciner en priorité les personnes à risque de formes graves, n’ayant jamais eu par le passé de diagnostic clinique ou biologique d’infection par le virus du chikungunya (sur la base de l’interrogatoire du patient), sans toutefois recommander un dépistage pré-vaccinal. En cas de doute sur une infection antérieure par le virus, une sérologie pourra être réalisée.

La HAS cible ainsi par ordre de priorité :

  • Les personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles avec des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques et neurovasculaires) ; 
  • Les personnes âgées de 18 à 64 ans avec comorbidités.

La HAS ajoute également à la liste des populations éligibles à la vaccination à court terme les professionnels de la lutte antivectorielle, en raison du rôle indispensable dans la gestion de l’épidémie et de leur exposition particulière aux moustiques.

Au terme de son évaluation, la HAS recommande que le vaccin Ixchiq® soit utilisé à La Réunion. Le vaccin Ixchiq® développé par le laboratoire Valneva, est le premier vaccin disposant d'une AMM pour la prévention de la maladie causée par le CHIKV chez les personnes âgées de 18 ans et plus. Déjà recommandé aux États-Unis chez les adultes se rendant dans un pays ou un territoire dans lequel une épidémie de CHIKV est en cours, le vaccin Ixchiq® induit une réponse immunitaire protectrice chez 98,2 % des personnes vaccinées, dont la durée est prolongée (au moins deux ans). Les principaux effets indésirables sont des signes généraux de courte durée (fièvre, céphalées, asthénie, myalgies), pouvant parfois mimer une infection à chikungunya (syndrome dit « CHIK-like »). La tolérance du vaccin est considérée comme satisfaisante.

La HAS ne recommande pas, à ce stade, l'utilisation du vaccin Ixchiq® chez la femme enceinte et, s’agissant d’un vaccin vivant atténué, la vaccination est contre-indiquée chez les personnes immunodéprimées.

Il est enfin important que les personnes, même vaccinées, continuent à appliquer des mesures de protection individuelle à l’égard des piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires…) ; la lutte antivectorielle reste le moyen de prévention essentiel.

Pour en savoir plus :